Intervention de Johann Bihr

Réunion du 24 novembre 2016 à 10h30
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l'Est et Asie centrale, et de Mme Emma Lavigne, chargée de recherche Europe et Asie centrale, de Reporters sans frontières :

Tout à fait, et cela, me semble-t-il, explique dans une large mesure la répression qui s'abat actuellement sur les voix critiques. Nous ne sommes pas aveugles et nous comprenons très bien que des intérêts économiques et stratégiques lient l'Azerbaïdjan à ses partenaires, notamment occidentaux. Les autorités azerbaïdjanaises jouissent d'autant plus d'un sentiment d'impunité qu'elles ont pu penser s'en tirer à bon compte avec les libérations symboliques du printemps dernier : la pression a baissé alors qu'elle avait enfin commencé à monter au tournant de l'année 2015-2016.

Depuis la libération des principaux prisonniers politiques et de Khadija Ismaïlova, les pressions n'ont pas été renouvelées, du moins de manière publique. Nous avons au contraire l'impression d'en être revenus au business as usual. Dans ce contexte, il nous semble d'autant plus important de rappeler que, malgré de menus changements de façade, aucune amélioration concrète n'est notable en Azerbaïdjan en ce qui concerne la situation des droits de l'Homme en général et de la liberté de la presse en particulier.

Pourtant, on l'a constaté au début de l'année, les pressions fonctionnent. Le peu qu'on arrive à obtenir, c'est grâce à des pressions. Les partenaires de l'Azerbaïdjan ne doivent pas les alléger, au contraire, après ces quelques libérations. Le Congrès américain envisage des sanctions – gel des avoirs et retrait de visa – ciblées sur certaines personnes impliquées dans des violations des droits de l'Homme. Ce sont des sanctions qui semblent faire peur à l'Azerbaïdjan tout en ne nuisant pas à la population dans son ensemble ou au bien-être économique.

La manière dont les autorités azerbaïdjanaises appréhendent leurs relations avec l'étranger est marquée par l'héritage soviétique : elles fonctionnent en termes de rapport de force. Essayer de s'attirer les bonnes grâces de Bakou n'est pas un gage de bonnes relations avec ce pays. D'un strict point de vue d'investisseur, on peut d'ailleurs s'interroger sur la fiabilité d'un partenaire qui maquille ses statistiques et fait taire toute investigation sur la réalité économique du pays. Le soutien à ces voix indépendantes est de l'intérêt même des partenaires de l'Azerbaïdjan, y compris de la France.

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