Intervention de Johann Bihr

Réunion du 24 novembre 2016 à 10h30
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l'Est et Asie centrale, et de Mme Emma Lavigne, chargée de recherche Europe et Asie centrale, de Reporters sans frontières :

Vous n'êtes pas sans savoir que Robert Ménard n'a plus aucun lien avec RSF depuis 2009. Sur la situation de la liberté de la presse en Azerbaïdjan, je pense qu'il vous aurait dit la même chose que nous aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, son parcours politique lui appartient et n'a aucune incidence sur RSF.

Quand vous dites qu'il n'y a rien de solide dans nos informations, vous m'étonnez quelque peu : on peut porter des jugements et des appréciations, mais on peut difficilement contester des faits précis tels que l'emprisonnement des journalistes cités ou la fermeture de toutes les organisations de défense de la liberté de la presse en Azerbaïdjan. J'entends bien que les autorités azerbaïdjanaises disent exactement l'inverse. Cela nous fait d'ailleurs rire de voir à quelle fréquence le président Ilham Aliev se vante sur les réseaux sociaux – notamment sur Twitter –, de la liberté de la presse qui règne dans son pays.

Il n'en reste pas moins que certains faits sont têtus. Qui sont les assassins de Rafiq Tagi et d'Elmar Huseynov ? Je ne les connais pas, et les autorités azerbaïdjanaises non plus. Peut-on apporter la preuve des faits d'extorsion de fonds et d'abus de pouvoir dont a été accusée la plus grande journaliste d'investigation azerbaïdjanaise ? De quelle influence bénéficie donc le « lobby arménien » – dont nous faisons évidemment partie – pour contraindre la CEDH à condamner l'Azerbaïdjan pour tous les emprisonnements de journalistes que nous avons cités ? Qu'est-ce qui oblige le commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe à s'associer, comme il le fait très rarement, aux plaintes de défenseurs azerbaïdjanais des journalistes ou des droits de l'Homme ?

Hélas, des faits solides attestent de la réalité de la répression en Azerbaïdjan. Entendons-nous bien : nous n'en tirons aucun bénéfice et aimerions beaucoup que cela change. Notre organisation existe depuis trente ans et a un statut consultatif auprès des Nations unies, mais, c'est vrai, rien ne vous oblige à nous croire. Cependant, je vous invite à auditionner des journalistes et des défenseurs des droits de l'Homme azerbaïdjanais. Ils vous diront la même chose que nous, si ce n'est pire. Plusieurs d'entre eux vivent en France, et nous vous communiquerons avec plaisir les coordonnées de Ganimat Zahid, rédacteur en chef d'Azadlig, et de quelques-uns de ses collègues, comme Agil Khalil, un journaliste qui a fait l'objet de trois tentatives d'assassinat en 2007 et 2008, alors qu'il n'avait que dix-huit ou dix-neuf ans. Les témoins ne manquent pas pour vous raconter les expériences qu'ils ont vécues.

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