Intervention de Olivier Achard

Réunion du 12 janvier 2017 à 11h30
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Olivier Achard, vice-président de la zone Eurasie pour Thales International, et de Mme Fanny Mounier, chargée de mission auprès du vice-président chargé des relations internationales :

En ce qui concerne les procédures d'appel d'offres, je vous parlerai des deux domaines civils dans lesquels nous avons remporté des marchés : le contrôle du trafic aérien et la signalisation sont très ouverts aujourd'hui en ce sens que nos clients partagent beaucoup d'informations sur ceux-ci avec leurs collègues et assistent à de nombreuses conférences internationales, telles que celles de l'Association internationale du transport aérien (IATA). Ils lancent donc tous la plupart du temps des appels d'offre. Ils sont très au courant de nos technologies et de nos concurrents. Ils voyagent beaucoup pour aller comprendre chacune de ces technologies – notamment dans les pays émergents qui nous font concurrence. Nous sommes aujourd'hui en concurrence avec la Chine, la Corée et la Russie mais surtout, dans le domaine du contrôle du trafic aérien, avec l'Espagne qui déroule le « tapis rouge » dès qu'un dirigeant azerbaïdjanais vient dans le pays. Nous étions notamment le fournisseur du centre de contrôle de Bakou mais nous avons perdu ce marché il y a quelques années au profit des Espagnols, plus compétitifs et plus réactifs. Les clients civils en Azerbaïdjan nous soumettent à la concurrence : ils recherchent l'innovation et ne sont pas suiveurs, contrairement aux autres clients de la région. Nous avons signé l'année dernière un premier contrat visant au lancement d'un nouveau produit facilitant la gestion des flux aériens. L'Azerbaïdjan souhaite en effet se positionner entre l'Europe et l'Asie en ce domaine et discuter avec Eurocontrol. Bref, dans le cadre des appels d'offre, nous sommes constamment soumis à une forte concurrence en termes de technologies et de prix. La situation est la même pour le marché du métro de Bakou : nos concurrents étrangers Bombardier et Siemens essaient de prendre notre position.

S'agissant de la rapidité contractuelle, les Azerbaïdjanais respectent bien nos contrats : ils paient en temps et en heure, ce qui n'est pas toujours le cas dans cette région.

Comme je le soulignais à l'instant, la concurrence des pays émergents est très forte, le Caucase attirant aujourd'hui l'ensemble des acteurs. Dans les deux domaines dont j'ai parlé, ce n'est pas encore le cas des Turcs – pour répondre à votre question – et nos concurrents sont bien russes, coréens et, surtout, espagnols.

Vous m'avez interrogé quant à la sous-traitance locale : s'agissant des grands systèmes que nous proposons, il nous est difficile de sous-traiter des activités – à l'exception de la conception de radars. Lorsqu'on construit de grands centres de contrôle ou le métro de Bakou, une bonne part du travail consiste en la conception de logiciels, qu'il est difficile de sous-traiter localement.

En revanche, lorsqu'on réalise l'installation de radars, on peut sous-traiter une partie du génie civil pour la construction des tours qui abriteront ces radars. C'est ce que l'on a fait à l'aéroport de Bakou lors des Jeux européens : les Azerbaïdjanais nous ayant demandé de construire une petite tour de contrôle en béton, nous avons dû faire appel à une entreprise locale. Nous avons donc procédé à une mise en concurrence pour choisir des sous-traitants compétents car c'est nous qui étions responsables de l'ouvrage.

Dans le cadre de nos deux projets civils, nous n'avons pas rencontré, à ma connaissance, de difficultés administratives majeures – ce qui n'est pas le cas dans le reste de l'Eurasie où les procédures douanières sont assez compliquées. Je ne me souviens pas que des projets aient été retardés parce que des radars auraient été bloqués en douane. N'ayant pas encore testé le visa électronique, je ne saurais vous en parler. Les Azerbaïdjanais négocient des contrats conformes aux standards internationaux. Leurs équipes sont assez jeunes et très bien formées.

Les projets dont je vous parle ne sont pas très importants mais nous en parlons à l'ambassadrice à chacune de nos visites et celle-ci m'a accompagné la dernière fois que je me suis rendu chez AZAL. L'ambassade nous aide également lors des événements ou des salons qui peuvent avoir lieu dans le pays. J'ai aussi eu l'occasion de rencontrer le ministre des finances d'Azerbaïdjan, lors de sa visite en France, en décembre dernier et il a clairement dit que les entités dont je vous ai parlé sont maintenant très indépendantes financièrement de l'État, qui ne les soutient plus comme par le passé. Elles vivent uniquement sur leurs fonds propres et font donc très attention à leurs investissements, notamment dans un contexte de soubresauts du prix du pétrole. C'est la raison pour laquelle nos projets ne sont pas très importants aujourd'hui. Nous pensions que la dynamique d'investissement serait plus forte mais le soutien du ministère des finances s'est amoindri si bien que la compagnie aérienne et l'aviation civile, par exemple, sont désormais dépendantes des redevances qu'elles facturent aux compagnies exploitant les avions qu'elles contrôlent. Lors de la rencontre de décembre dernier, le ministre des finances azerbaïdjanais en a averti le représentant d'Airbus, soulignant qu'il appartenait au constructeur de vérifier que les entreprises avaient bien les moyens financiers nécessaires pour satisfaire à ses exigences.

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