Intervention de Rolf Einar Fife

Réunion du 1er février 2017 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Rolf Einar Fife, ambassadeur de Norvège en France :

Je me réjouis, Monsieur Le Bris, que vous vous rendiez en Norvège. Si, au temps du rideau de fer, le poste-frontière de Storskog était très peu fréquenté, les échanges transfrontaliers concernent aujourd'hui des milliers de personnes chaque mois. Pour répondre à votre question, tout navire qui sort de Mourmansk pour se rendre dans les parties centrales de l'Atlantique doit passer par des zones norvégiennes. Le volume d'activité a effectivement augmenté de façon très nette, non pas seulement depuis 2014 mais depuis une dizaine d'années déjà. Comme je l'ai indiqué, aucun incident n'a eu lieu en 2016 qui pourrait être qualifié de provocation. Je souligne aussi le grand nombre d'inspections conduites par nos garde-côtes envers les chalutiers et de mesures de détection mises en oeuvre. Notre Livre blanc met l'accent sur le contrôle de notre espace aérien, mais aussi de notre espace maritime par des sous-marins et des patrouilleurs, l'interconnexion étant essentielle.

Nous avons effectivement un ancrage historique dans l'OTAN, Monsieur Vitel, cependant que nos amis, la Suède et la Finlande, sont membres de l'Union européenne. Pour autant, la coopération entre nos trois pays dépasse largement le cadre du Conseil de l'Arctique ; elle prend des formes si variées et si denses qu'elle est pour ainsi dire sédimentaire.

Les intérêts des pays Baltes sont les nôtres. En ce qui concerne votre question sur la conclusion d'accords de défense, et pour simplifier les choses, il suffirait pour moi de faire référence à un accord de 1949, le traité de Washington instaurant l'OTAN, et plus précisément son article 5. Depuis l'accession de l'Estonie, de la Lettonie ou de la Lituanie à ce traité en 2004, si une attaque armée était commise contre l'un d'eux, la Norvège considérerait une telle attaque comme une attaque dirigée à son encontre ainsi que contre les autres membres de l'Alliance. Le fait que la Norvège ait déjà participé au contrôle de l'espace aérien des trois États baltes opéré par l'OTAN et participera à la force de présence avancée renforcée qui sera déployée en Lituanie, avec un détachement de 200 soldats solidement équipés, démontre que la contribution norvégienne à la sécurité des États baltes n'est pas que juridique : elle est aussi opérationnelle. En résumé, la sécurité des trois États Baltes ne dépend pas de nouveaux accords avec la Norvège : l'accord existe déjà. Je note d'ailleurs que la Norvège fut notamment le premier État qui ratifia l'adhésion de l'Estonie à l'OTAN en 2003.

Notre Première ministre, Mme Erna Solberg, a été reçue hier à l'hôtel Matignon par M. Bernard Cazeneuve ; ils se sont entretenus de la forte coopération entre la France et la Norvège notamment en matière de sécurité, à plusieurs niveaux, dans plusieurs espaces.

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