Intervention de Élisabeth Guigou

Séance en hémicycle du 27 février 2013 à 15h00
Débat sur le mali : au-delà de l'intervention militaire perspectives de reconstruction et de développement.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente de la commission des affaires étrangères :

Par ailleurs, si la France s'est engagée avec le seul concours d'une armée malienne qui a retrouvé sa combativité et qui déplore aussi des pertes, très vite les pays africains se sont à leur tour mobilisés, au point que le nombre de soldats africains engagés dépasse aujourd'hui celui des forces françaises.

L'armée malienne et la MISMA, dont le déploiement s'intensifie, doivent se substituer à l'armée française, qui n'a pas vocation à s'éterniser sur le sol malien. Les États membres de l'Union européenne contribuent à la formation de l'armée malienne.

Il s'agit aujourd'hui de nous engager dans une deuxième phase de notre action. Cette phase, nous le savons, sera longue et difficile. Mais le Mali n'est pas l'Afghanistan, ne serait-ce parce que la France peut compter sur l'appui très large de la population malienne et sur le concours de tous les pays limitrophes, y compris l'Algérie. Nous savons aussi que la guerre ne sera gagnée que si nous créons les conditions d'une paix durable.

La première de ces conditions est, à court terme, d'ordre politique : le dialogue avec les représentants des populations du nord qui n'ont pas trempé dans le terrorisme, d'une part ; la reconstruction de l'État, d'autre part. Des élections devront être organisées d'ici à la fin du mois de juillet. Une feuille de route a été adoptée par le Parlement malien, par laquelle les autorités s'engagent dans ce processus de dialogue avec les populations du nord.

La deuxième condition est le développement du pays. La France et l'Union européenne ont engagé des moyens considérables en faveur de l'action humanitaire, notamment des 350 000 personnes déplacées ou réfugiées et de l'aide au développement, nous en parlions récemment avec M. le ministre Canfin. Car le Mali souffre d'un manque criant d'infrastructures. Il doit aussi exploiter, enfin, ses atouts agricoles.

Pouvez-vous, messieurs les ministres, nous dire dans quelle mesure la feuille de route est respectée et quelles sont les nouvelles actions entreprises pour le développement du Mali ?

Enfin, je souhaiterais que vous nous expliquiez quels enseignements peuvent être tirés de ce conflit pour l'avenir de la politique européenne de sécurité et de défense commune.

Lors d'une réunion, lundi dernier, avec la commission des affaires étrangères du Bundestag, j'ai pu constater que nos partenaires allemands étaient ouverts à des avancées dans ce domaine, notamment qu'ils partageaient mon souhait que l'Union se dote au moins d'une analyse commune des menaces et des priorités stratégiques. Ce conflit a mis en évidence les lacunes capacitaires, bien connues, en termes de transport de troupes, de ravitaillement en vol, de renseignement, pour lesquels nos alliés nous ont considérablement aidés et nous les en remercions. Il a souligné une nouvelle fois tout l'intérêt d'une mutualisation des capacités européennes pour faire face à l'urgence.

Notre action au Mali révèle certes les insuffisances et les lourdeurs de l'Union européenne dans ce domaine, mais surtout l'impérieuse nécessité qu'il y a à définir enfin une stratégie européenne de sécurité et de défense multidimensionnelle.

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