Intervention de général Bertrand Ract Madoux

Réunion du 24 juillet 2012 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Bertrand Ract Madoux, chef d'état-major de l'armée de terre :

Dans le cadre de la réduction des effectifs de l'armée de terre et de la réforme du soutien, monsieur Vitel, ceux de la légion étrangère sont passés d'environ 8 000 hommes à un peu moins de 7 000. Cette grande unité se porte néanmoins très bien. Son niveau de recrutement est supérieur à celui du reste de l'armée de terre. Le taux de sélection est en moyenne d'un reçu pour huit candidats, ces derniers étant présélectionnés dans les centres de recrutement périphériques. Par ailleurs, la légion étrangère n'engage plus de criminels de droit commun ou d'hommes ayant commis, en France ou dans leur pays, des actes trop répréhensibles. Ces différents éléments expliquent que sa résilience est sans doute supérieure à la moyenne, comme l'a montré encore son intervention en Afghanistan.

Le « miracle » de la légion étrangère peut être illustré par l'histoire de Goran F., jeune légionnaire d'origine serbe tombé en Afghanistan au service de la France au mois de novembre dernier, à vingt-quatre ans. Originaire d'un village situé près de Belgrade, il y avait été surnommé « le légionnaire » dès l'âge de dix ans, car il collectionnait des photographies de la légion et ne cessait d'en écouter les musiques, à une époque où les relations de notre pays avec le sien étaient pourtant ce que l'on sait. Ses parents, que nous avons rencontrés, bien que très affectés, nous ont néanmoins fait part de leur fierté. Vous savez aussi que deux légionnaires ont été naturalisés « par le sang versé » lors d'une cérémonie au Sénat le 13 juillet dernier.

Monsieur Boisserie, en octobre dernier, j'avais indiqué à votre commission que les moyens alloués à l'armée de terre me semblaient à la limite de ce qui lui est nécessaire pour assurer ses missions, voire un peu en deçà. J'ai semble-t-il été entendu puisqu'au début de l'été, malgré de nouveaux efforts de rationalisation, deux lignes budgétaires ont été épargnées – le budget « Activités » et le budget de préparation opérationnelle du programme 178 « Préparation et emploi des forces ». Bien entendu, il a fallu trouver des économies ailleurs, en l'occurrence sur nos programmes d'armement et l'infrastructure, qui est pourtant une réelle source d'inquiétudes.

Grâce à des hommes remarquables, un encadrement de qualité et des équipements qui globalement se modernisent, nous sommes capables d'assurer nos missions, même s'il arrive qu'une « main invisible » coupe régulièrement des crédits alloués. Je n'incrimine ni les autorités politiques ni la chaîne de décision administrative, mais lorsque l'on réduit des enveloppes déjà insuffisantes, les difficultés sont inévitables.

Je me suis rendu au Liban en fin d'année dernière. Ma rencontre avec le chef d'état-major de l'armée de terre libanaise m'a fait comprendre combien notre présence, à travers les soldats français de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), était importante : ces 1 000 hommes constituent, aux yeux des Libanais, une garantie que la France sera à leur côté si le besoin s'en fait sentir. Le moindre retrait d'une partie de nos troupes suscite d'ailleurs une grande inquiétude.

Force est néanmoins de constater que ce pays fait aujourd'hui un peu figure d'exception pacifique au milieu d'une poudrière. En tout état de cause, les soldats français ont évidemment leur place au Liban, et ils devront, si nécessaire, être à la hauteur des espérances de cette population amie, qu'il s'agisse des chrétiens ou des autres confessions, bien entendu.

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