Intervention de Jean-Jacques Candelier

Séance en hémicycle du 22 avril 2013 à 17h00
Déclaration du gouvernement sur l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces françaises au mali débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Candelier :

Qu'est-ce que cela signifie ? Nous craignons fort que, même avec un mandat de l'ONU, l'installation d'une force parallèle aux Casques bleus marquerait l'impuissance des Nations unies à régler de manière collective les problèmes du monde.

Le Mali n'est pas l'affaire de la France, même si, en tant qu'ancienne puissance coloniale, nous avons une responsabilité.

Parlant de responsabilité, il est important de dire que la déstabilisation du Mali découle en grande partie de la déstabilisation de la Libye. Il serait également utile de faire toute la lumière sur le rôle trouble du Qatar, officiellement allié de la France.

Cela étant, nous sommes, pour sortir de cette situation, partisans du multilatéralisme le plus large possible. À ce titre, nous nous réjouissons que le Gouvernement ait présenté un projet de résolution pour transformer la MISMA – Mission internationale de soutien au Mali, sous conduite africaine – en Mission des Nations unies de stabilisation au Mali, ou MINUSMA.

Une résolution du Conseil de sécurité est attendue avant la fin du mois : c'est une très bonne chose. Nous avons toujours promu la légitimité supérieure de l'Organisation des Nations unies pour la paix et la sécurité internationale. Mais nous sommes dans l'expectative, car la résolution est annoncée depuis des mois, et nous ne connaissons pas la teneur du mandat qui sera décidé par le Conseil de sécurité. Quel sera le contenu de cette opération de maintien de la paix ? Quelle sera sa composition ?

On sait juste que la transformation de la MISMA en MINUSMA pourrait alors être effective à partir du mois de juillet, comme vous l'avez dit, monsieur le Premier ministre.

La future MINUSMA pourrait compter un peu plus 11 200 militaires, 1 440 policiers ainsi que des experts civils.

Le mandat serait d'aider les autorités maliennes à stabiliser le pays et à rétablir l'autorité de l'État sur l'ensemble du territoire.

La mission devrait également appuyer les autorités maliennes pour organiser les élections et mener à bien le dialogue national. Sur ce point, nous voulons vous mettre en garde, pour que ce processus ne constitue pas une parodie électorale qui servirait à légitimer tel ou tel pouvoir.

Une élection présidentielle peut-elle réellement se tenir en juillet, alors que le pays n'est pas sécurisé et que les conditions ne sont pas réunies pour le bon déroulement des opérations électorales ?

Il existe un gouffre entre élection et démocratie.

La future mission devrait, en outre, superviser les efforts pour restructurer les forces de sécurité maliennes, en étroite coordination avec la mission de l'Union européenne de restructuration de l'armée malienne.

C'est, encore une fois, un objectif louable, car nous ne pensons pas que la reconstitution de la seule armée malienne suffise pour assurer la sécurité d'un pays.

Il faut à tout prix éviter la militarisation des relations intérieures, alors que de nombreux observateurs estiment que tous les ingrédients sont réunis pour une guerre durable.

Nous nous interrogeons donc fortement sur l'opportunité d'une présence française autonome permanente, dont le statut n'est, à ce jour, pas clairement défini. On parle d'« accompagner le passage de la force africaine sous Casque bleu ». On parle surtout d'apporter un « soutien à la future opération en cas de besoin, selon un mandat prévu par la future résolution ». En clair, cela voudrait dire que nous continuerions à mener des actions de guerre au Mali, pendant des mois, voire des années.

Or, nous ne pensons pas que la logique de guerre soit la solution aux problèmes du Mali.

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