Intervention de Philippe Nauche

Séance en hémicycle du 22 avril 2013 à 17h00
Déclaration du gouvernement sur l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces françaises au mali débat et vote sur cette déclaration — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Nauche :

Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, sur la prolongation des opérations au Mali, le groupe socialiste, républicain et citoyen donnera, bien sûr, un avis favorable pour plusieurs raisons.

La première est d'ordre sécuritaire. Je rappelle, en effet, que c'est l'État malien, par la voix de son président, qui a demandé le soutien militaire de la France dans le cadre de la législation internationale pour repousser d'urgence une offensive des groupes armés terroristes contrôlant le nord du pays. Il s'agissait d'éviter une déstabilisation du pays, mais aussi de la région tout entière et par là même une menace sur la sécurité européenne et internationale.

Les objectifs fixés par le Président de la République ont été atteints. Durant le mois de janvier, l'offensive des troupes terroristes a été enrayée par les frappes aériennes et le déploiement des forces terrestres. Les villes du Nord ont été reprises. De février à mi-avril, les bases arrière des troupes terroristes ont été attaquées et, parallèlement à la sécurisation de la boucle du Niger, la MISMA est montée en puissance.

Depuis la mi-avril, nos troupes passent progressivement le relais aux forces africaines, poursuivant la sécurisation du Nord. La mission de formation de l'Union européenne se déploie et les forces françaises commencent leur désengagement.

La deuxième raison est donc de cohérence. La France a en effet déposé à l'ONU, comme cela a été rappelé, une proposition de résolution tendant à autoriser le déploiement d'environ douze mille casques bleus sous le mandat d'une « mission intégrée des Nations Unies de stabilisation multidimensionnelle au Mali », dite MINUSMA. Celle-ci devrait débuter en juillet.

Nous pouvons désormais considérer que, sur le plan stratégique, l'armée malienne commence à reprendre confiance. La quasi-totalité du territoire est libérée, le pays a recouvré sa souveraineté et son existence n'est plus menacée : il doit à présent s'organiser politiquement.

Sur le plan opérationnel, le Président de la République a arrêté un scénario de retrait progressif de nos forces, à mesure que montera en puissance la mission internationale de soutien au Mali, la MISMA, bientôt relayée par la MINUSMA.

Enfin, sur le plan politique, s'agissant de la réconciliation nationale que nous appelons de nos voeux et dont nous connaissons les difficultés, des éléments nouveaux laissent entrevoir plus qu'un frémissement : la Commission de dialogue et réconciliation se met en place et la tenue de l'élection présidentielle est prévue pour l'été prochain.

Je n'oublie pas non plus le rôle fondamental joué aux côtés de la France par l'Union africaine et son président pour mobiliser la communauté internationale en faveur du Mali. N'oublions pas non plus la place centrale du Mali sur le plan géographique et l'effet positif qu'aura sa stabilité sur l'Afrique de l'ouest et l'Afrique centrale, à l'heure où les plus vives inquiétudes se font jour concernant le Centrafrique.

Pour l'ensemble de ces raisons et dans le but d'assurer une phase de transition sécurisée avant le redéploiement des troupes françaises, la prolongation des opérations françaises au Mali doit être votée aujourd'hui. C'est cela qui permettra les évolutions politiques nécessaires et apportera la sécurité indispensable aux actions de développement, fondamentales pour l'avenir des Maliens.

Avant de conclure mon propos, je voudrais, monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, rendre hommage aux soldats français qui ont laissé leur vie sur le terrain des opérations et adresser mes condoléances à leurs familles. Je forme également tous les voeux pour les blessés en cours de traitement.

De même, il me semble nécessaire qu'une pensée aille aux otages et à leurs familles, afin de les assurer de la détermination de la France à obtenir leur libération. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste.)

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