Intervention de François Rochebloine

Séance en hémicycle du 22 mai 2013 à 21h30
Projet de loi relatif à l'enseignement supérieur et à la recherche — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Rochebloine :

Disons que cette école est exemplaire quand elle sert vos thèses : mais après tout, a-t-elle jamais cessé d’être une machine à produire la langue du pouvoir ? On dit aussi que l’apprentissage de la philosophie, par exemple, suppose l’organisation d’enseignements dans cette langue. Cela évite de parler du vrai problème, qui est la confrontation avec la langue anglaise. Mais, si on suivait la logique de cet exemple, il faudrait prévoir – ou restaurer, car Montaigne en a connus – des enseignements de philosophie en grec ancien, car personne ne peut contester, en suivant votre critère d’appréciation, que la connaissance de Platon et d’Aristote soit aussi importante pour la compréhension philosophique de notre temps que celle de Kant ou de Karl Marx. La connaissance correcte d’une langue, ce n’est pas la même chose que l’organisation délibérée, en France, de cours dans cette langue. Toutes ces apparentes justifications ne servent qu’à masquer une réalité : vous cédez devant une pression qui n’a rien de culturel et qui est proprement mercantile. Vous bradez cet élément essentiel du patrimoine culturel qu’est la langue nationale, sans prendre garde aux effets démobilisateurs et dissociateurs désastreux qu’une telle attitude peut provoquer dans le monde francophone. Votre libéralisme culturel vient ainsi en appui au libéralisme économique contre lequel votre majorité, et le Président de la République à sa tête, n’ont pas de mots assez durs.

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