Intervention de François Rochebloine

Séance en hémicycle du 9 juillet 2013 à 21h45
Instauration du 27 mai comme journée nationale de la résistance — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Rochebloine :

Madame la présidente, monsieur le ministre, madame la présidente de la commission, madame la rapporteure, mes chers collègues, notre tradition commune est assise sur la mémoire. Mémoire du patrimoine, depuis Guizot, qui a fait de nos monuments, palais, églises ou simples demeures les marques vivantes du développement de notre génie national. Mémoire d'événements fondateurs, tragiques ou exaltants, comme cet anniversaire de la constitution du Conseil national de la Résistance sur lequel, collectivement, nous sommes appelés à revenir aujourd'hui.

Je ne m'attarderai pas sur les querelles de dates qui ont pu jalonner ce débat pourtant court. Avec le recul dont nous disposons, il n'est pas raisonnable d'opposer l'appel historique du 18 juin 1940 à la réunion du CNR, ni de créer des clivages parfaitement artificiels entre les tenants de l'un et les tenants de l'autre. Il existe un lien manifeste – un lien spirituel, oserais-je dire – entre le surgissement du 18 juin et la concorde en Résistance du 27 mai. L'un répond à l'autre ; maintenant que l'histoire glorieuse dont ces deux faits illustres ont été, parmi d'autres, les jalons, est achevée, ce qui compte, c'est d'embrasser d'un même respect et d'une même attention l'esprit de résistance qui est ainsi attesté.

Respect pour l'esprit de résistance, mais aussi respect pour le projet de société ainsi préfiguré, grâce à la volonté de femmes et d'hommes engagés dans la lutte contre l'occupant nazi, portés par des valeurs humanistes et sachant dépasser leurs antagonismes pour défendre l'essentiel, autour de Jean Moulin, dont nous commémorons ces jours-ci le soixante-dixième anniversaire de la mort.

Ces résistants étaient des bâtisseurs : ils ont su penser à la France de l'après-guerre et préparer la reconstruction du pays. Si seule une poignée de survivants peuvent aujourd'hui témoigner de ce que fut la Résistance face à l'occupation, qu'il nous soit permis de nous associer à l'hommage qui leur est ici adressé.

Tel est – et tel doit être, je crois – le sens du travail de mémoire : fixer des repères clairs de reconnaissance et d'identification. Ces repères indispensables, puisés dans notre histoire nationale, constituent le fondement d'un engagement civique, d'une fierté nationale, et permettent ainsi de nous tourner vers l'avenir.

À cet égard, le choix de la réunion du 27 mai 1943 ne me paraît pas contestable : événement collectif, traduction – au sens noble du terme – d'un compromis, et en même temps acte héroïque, il doit être mis en perspective, situé dans une dynamique, interprété avec toute la rigueur permise par la discipline historique. J'observe que, dans la définition du sens et des modalités de la commémoration, le Parlement a su solliciter le concours d'historiens réputés. On me permettra de constater que, parmi ces historiens, il s'en trouva qui furent à la pointe du combat contre les lois mémorielles, au nom de l'indépendance nécessaire de la recherche en histoire.

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