Intervention de Jérôme Guedj

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Guedj :

Madame la présidente, messieurs les ministres, monsieur le rapporteur, madame la rapporteure pour avis, mesdames, messieurs les députés, chers collègues, pour mes premiers mots dans cet hémicycle, haut lieu de la démocratie, permettez-moi de citer une figure de l'émancipation et de la justice sociale, un modèle pour moi, mort il y a tout juste trente-neuf ans aujourd'hui, le 11 septembre 1973 : Salvador Allende.

Le président du Chili considérait qu'un ouvrier sans travail est un homme qui a le droit au travail et que c'est à la société de lui permettre d'accéder à ce droit. Ce beau droit au travail, cette exigence sont encore plus forts s'agissant de la jeunesse car les questions de l'emploi et de la jeunesse sont aujourd'hui au coeur des préoccupations de nos concitoyens. C'est bien légitime dans le contexte que nous connaissons, avec l'aggravation de la crise économique et un chômage qui dépasse désormais les 3 millions.

Telle est en effet la situation dont nous avons hérité à notre arrivée et qui doit mobiliser toute notre énergie, dont témoigne l'inscription de ce projet de loi au début de la session extraordinaire.

Le chef de l'État a fixé le cap : le redressement de la France et l'inversion de la courbe du chômage, tout en donnant la priorité de son quinquennat à la jeunesse. Il l'avait promis pendant la campagne électorale et le Gouvernement n'a pas tardé à se lancer dans la bataille de l'emploi.

Il nous faut tenir compte de cette situation d'urgence sociale ; cette accélération est une réponse pertinente. En effet, 23 % des moins de vingt-cinq ans en France métropolitaine sont sans activité, soit plus du double de la moyenne nationale. Le dispositif des emplois d'avenir constitue assurément une réponse concrète, pragmatique et lucide au chômage des jeunes les moins qualifiés, pour qui l'accès à l'emploi est souvent synonyme de parcours du combattant. Il offre les conditions d'une première expérience durable et valorisante à des jeunes peu ou pas qualifiés, tout en contribuant – ne l'oublions jamais – à renforcer la mission d'utilité sociale des associations et le service public, notamment au niveau local. Je n'oublie pas non plus le volet spécifique de l'éducation nationale.

Je voudrais souligner deux points dans ce texte qui m'apparaissent positifs à plus d'un titre.

D'abord, le rôle central dévolu aux missions locales. Celles-ci ont développé un savoir-faire unique dans l'accompagnement des jeunes sur l'ensemble du territoire. Je trouve tout à fait prometteur qu'elles aient été placées au coeur du dispositif, dans un rôle pivot de partenariat avec tous les acteurs. Nées il y a trente ans du rapport Schwartz, elles ont en effet l'expérience et le savoir-faire et disposent d'un maillage territorial important, puisqu'il y a plus de 460 missions locales sur le territoire national.

Ensuite, ces emplois sont également d'avenir parce qu'ils ont pour objectif d'être pérennes. Ils ont pour cibles des secteurs à fort potentiel de création d'emploi, tels que l'aide à la personne, la transition énergétique ou les nouveaux métiers. Dès maintenant, les collectivités et les associations sont prêtes à répondre présent et à s'engager pour la réussite de ce dispositif.

Je voudrais terminer en évoquant une avancée dont on ne parle pas suffisamment. Ce texte de loi permet de mettre en oeuvre non seulement les engagements du Président de la République envers la jeunesse et contre le chômage, mais aussi l'engagement d'intégrer dans tous les textes de loi un volet concernant la prise en charge des personnes en situation de handicap.

C'était l'engagement 32 du Président de la République. Il se traduit ici par des dispositions sur lesquelles je reviendrai dans un instant. Je veux souligner que, concomitamment à la présentation de ce texte, le Gouvernement, à travers une circulaire du Premier ministre du 4 septembre dernier, a donné le vade-mecum de cette révolution copernicienne dans le travail du législateur que constitue l'intégration d'un volet concernant le handicap dans chacun des textes de loi, ou la justification de son absence. La coordination est assurée, sur sujet, par la ministre déléguée chargée des personnes handicapées, Mme Marie-Arlette Carlotti.

Cette avancée absolument indispensable trouve une traduction concrète dans le texte. Je me félicite ainsi, par exemple, que les emplois d'avenir puissent bénéficier par extension, jusqu'à l'âge de trente ans, aux jeunes reconnus travailleurs handicapés. J'avais proposé cette disposition avec d'autres députés, notamment Martine Carillon-Couvreur.

Je pense aussi à la préparation obligatoire – j'espère du moins qu'elle le sera au terme de l'adoption de la loi – d'un bilan d'évaluation de la mise en oeuvre des emplois d'avenir, qui tiendra compte notamment de la situation particulière des jeunes reconnus travailleurs handicapés. En effet, avec un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne, les personnes en situation de handicap ont besoin d'une prise en compte spécifique, que garantit ce texte. Voilà pourquoi, mes chers collègues, ce texte, proposé par le Gouvernement et attendu par nos concitoyens, avec toutes les avancées qu'il représente, mérite le soutien plein, entier et résolu de la représentation nationale. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)

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