Intervention de Arnaud Robinet

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Robinet :

Chaque emploi d'avenir nécessite en effet un transfert de fonds du secteur marchand vers le secteur public, privant un peu plus nos entreprises et nos industries de ressources susceptibles de créer des emplois.

Pourtant, toutes les études le montrent, la production de biens et services par le secteur marchand est la pierre angulaire de la création de richesse, laquelle sera seule à même de relancer efficacement et durablement l'emploi des jeunes.

L'insuffisance de la base productive française, qui est, selon l'OCDE, de 20 millions – elle est de 25 millions au Royaume-Uni et de 27 millions en Allemagne – est un fardeau pour notre économie. Il faudrait créer entre 7 et 8 millions d'emplois marchands pour revenir à un ratio de dépendance comparable et concurrentiel. Voilà ce vers quoi nous devons tendre.

Malheureusement, vous ne semblez pas en prendre le chemin : ce texte démontre votre obsession des dépenses publiques et des remèdes conjoncturels.

Plusieurs études internationales, dont celle de John Martin et David Grubb de l'OCDE, en 2001, se sont intéressées à ces remèdes à la petite semaine, tel celui que vous aviez proposé en 1997 avec les emplois jeunes. Toutes démontrent que ces contrats subventionnés dans le secteur public mènent très rarement à un emploi stable. La formation et les qualifications qu'on y acquiert, sont en effet insuffisantes et trop éloignées des besoins du monde du travail, et nombre de jeunes se retrouvent sur le carreau une fois leur contrat terminé. De plus, ils traînent un handicap salarial : ainsi, le passage par un emploi jeune se serait traduit, en 2008, par une perte de 230 euros mensuels sur une moyenne de 1 690 euros.

Ce que vous devez offrir pour lutter contre le chômage des jeunes, c'est une meilleure formation, sujet pratiquement absent de votre projet de loi, et un cadre fiscal qui encourage les créations et les développements d'entreprises.

Un exemple, un seul. Le groupe Würth, en Allemagne, accueille chaque année une centaine de nouveaux apprentis. Répartis dans presque tous les services et métiers de la société, ces jeunes passent trois ans chez le fabricant allemand de vis et boulons pour être formés. À la fin de leur apprentissage, près de 90 % d'entre eux se voient proposer un CDI. « Cela fait six décennies que Würth fonctionne ainsi » explique le responsable du service formation, « nous recrutons presque exclusivement notre personnel parmi nos apprentis, car ils sont exactement formés au métier qu'ils doivent exercer chez nous, et nous savons ce qu'ils valent ».

Voilà un exemple de réussite, possible en Allemagne car on a préféré aider les entreprises à recruter et à former les jeunes plutôt que d'alourdir le déficit public par des emplois publics aidés. Là-bas, pas de contrats aidés dans le secteur public, mais une aide au secteur marchand et à l'expansion économique et sociale du pays.

Vous nous ressortez les emplois jeunes, mais il n'y a pas d'avenir dans le passé. Au nom de notre jeunesse, tournez-vous vers l'avenir, voyez plus grand et arrêtez de regarder par le petit bout de la lorgnette de vos échecs passés ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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