Intervention de Lionel Tardy

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLionel Tardy :

Je dois avouer ma perplexité devant le contrat d'avenir « simple », celui de l'article 1er : on ne crée pas un nouveau dispositif, mais on rajoute une couche à ceux qui existent déjà. Mise à part une aide financière plus importante, quelle est la valeur ajoutée de ce que vous proposez ? Je cherche encore, et je pense que j'aurai du mal à trouver. Il s'agit en fait de maquiller une vaste opération de recrutement d'auxiliaires d'éducation, en les baptisant du nom d'emplois d'avenir professeur. Voilà votre véritable cible !

Il est vrai que les besoins dans l'éducation nationale sont réels (Exclamations sur les bancs du groupe SRC) et que c'est un secteur où l'on doit investir avec discernement. Mais on semble ici retomber dans la logique habituelle, celle des moyens matériels. À écouter les syndicats, en particulier dans l'éducation nationale, il faudrait toujours plus de postes et de moyens, sans jamais chercher à faire mieux mais différemment, à moyens constants.

Toutes les créations de postes auxquelles nous allons assister sont-elles vraiment nécessaires ? Cette question ne semble pas avoir effleuré le Gouvernement, trop pressé de faire des cadeaux à sa base électorale et soucieux de ne pas froisser son électorat. C'est dommage, car remettre de l'eau dans un tonneau percé ne donne jamais de résultats à long terme, et ce contrat d'avenir professeur ne résoudra pas la crise, profonde, de notre système éducatif.

J'y vois en revanche un point positif : le ciblage vers les métiers de l'enseignement dans les zones sensibles et la volonté de recruter les futurs enseignants dans ces zones. En effet, alors que la police a très bien réussi à recruter dans ce que l'on appelle la « diversité », ce n'est pas le cas de l'éducation nationale, bien que le vivier existe, constitué de jeunes bien formés venant de ces quartiers et zones difficiles. Si ce contrat d'avenir professeur peut faire sauter un verrou et conduire à une plus grande diversité du corps enseignant, ce sera une très bonne chose, même si c'est cher payé.

J'ai eu l'occasion de soulever en commission un certain nombre d'imperfections, sur lesquelles je reviendrai lors de la discussion des amendements. On voit bien qu'il s'agit d'un texte écrit de manière un peu précipitée, et qui aurait mérité d'être encore peaufiné.

Même s'il comporte quelques points positifs, le prix, à court terme, des dépenses immédiates, mais aussi, à long terme, de la pérennisation de ces postes de fonctionnaire, est beaucoup trop élevé pour nos finances publiques. Avec un coût en vitesse de croisière évalué à 1,5 milliard d'euros par an, vous annulez les éventuels effets positifs des mesures d'austérité, avant même d'ailleurs que ces économies soient réalisées.

Je ne peux pas voter un tel texte, mal écrit, et qui ne fait que donner de faux espoirs à notre jeunesse. On fait miroiter aux jeunes des postes, en nombre insuffisant d'ailleurs, qui ne les mèneront nulle part, sauf pour ceux qui sauront en tirer profit. Ces jeunes, de toute manière, s'en seraient sortis d'une façon ou d'une autre. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) Les autres, ceux qui sont réellement en difficulté, retourneront à leur situation antérieure quand la perfusion d'argent public cessera.Visiblement, vous n'avez pas tiré les leçons du dispositif des emplois jeunes…

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