Intervention de Yves Durand

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Durand :

Madame la présidente, messieurs les ministres, madame et monsieur les rapporteurs, mes chers collègues, je voudrais dire à M. Tardy que j'ai du mal à saisir sa logique quand il nous reproche à la fois notre immobilisme et notre précipitation. Pour ce qui me concerne, je suis particulièrement heureux que nous commencions notre session par ce texte sur l'emploi des jeunes. En effet, sans nous contenter de discours sur le drame que constitue le chômage des jeunes, nous proposons ici des moyens concrets pour y répondre.

J'aborderai en particulier l'article 2, qui concerne les emplois d'avenir professeur. Il répond à deux exigences majeures pour notre jeunesse et son éducation.

La première est de créer un vivier de jeunes enseignants. En effet, nous avons remis en marche la machine à recruter dans l'éducation nationale. Après dix ans de suppressions de poste, nous avons renversé la vapeur et placé cette rentrée sous le signe des créations de poste. L'éducation nationale a besoin d'enseignants !

Encore faut-il que les jeunes puissent aller jusqu'aux concours de recrutement. Il nous faut veiller dès maintenant, si nous voulons préparer les rentrées de 2014, de 2015 ou de 2016, à attirer les jeunes vers les concours de l'enseignement et à rendre attractifs les métiers de l'éducation.

C'est l'un des objets de ce texte, qui permet notamment à des jeunes issus de milieu modeste de poursuivre leurs études pour s'orienter vers l'enseignement. L'un de nos amendements propose d'ailleurs d'élargir le champ du recrutement – nous y reviendrons.

La seconde exigence est plus forte encore, car elle possède une dimension sociale et démocratique. Il s'agit de mettre enfin un terme à l'exclusion dont sont victimes les jeunes de famille modeste face à l'enseignement supérieur. À cause notamment d'une mastérisation mal pensée et mal fichue, rares étaient ces jeunes qui allaient jusqu'au master et pouvaient ensuite intégrer l'éducation nationale. Les bourses que prévoit l'article 2 de ce texte leur donneront la possibilité d'acquérir la formation nécessaire pour accéder au métier d'enseignant, ce qui nous permettra de constituer un corps enseignant à l'image de la nation, plus proche des élèves qu'il forme et qu'il encadre. C'est plus qu'un problème technique, mes chers collègues, c'est une véritable exigence sociale et démocratique.

Au-delà de ces deux exigences, je voudrais relever un point très particulier dans ce texte, notamment à l'article 2 : il s'agit du contrat que nous voulons passer avec ces jeunes. Nous ne leur disons pas : « Nous allons vous aider à faire vos études, puis vous allez entrer dans l'enseignement. » Nous leur demandons pour contrepartie l'engagement, au bout de trois ans, de se présenter aux concours de l'éducation nationale, de faire l'effort de passer un concours. Au fond, c'est du donnant-donnant, un contrat moral que la nation passe avec sa jeunesse.

C'est peut-être ce qui est, moralement, le plus significatif de l'ambition de ce texte : le contrat avec la jeunesse, le message qui lui est adressé. Alors que, mois après mois, les chiffres du chômage tombent, que la désespérance touche en particulier les jeunes des milieux modestes, c'est ce message-là qui, pour nous, socialistes, et au-delà, pour la gauche, est véritablement porteur d'avenir, à la fois pour l'école, pour la jeunesse, mais aussi, n'en doutons pas, pour l'ensemble de la nation et de la République.

Voilà pourquoi c'est avec beaucoup d'enthousiasme et de responsabilité que le groupe socialiste défendra ce texte et le votera. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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