Intervention de Martine Carrillon-Couvreur

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Carrillon-Couvreur :

Madame la présidente, messieurs les ministres, mesdames et messieurs les députés, le Président de la République a fait de la jeunesse sa priorité politique.

C'est un formidable chantier qui s'ouvre à nous en ce début de législature, car ici se joue un pan de l'avenir de notre pays.

Oui, la jeunesse est une phase de transition entre l'enfance et l'âge adulte, qui ne se déroule pas de manière identique pour tous.

Si notre système éducatif a fait un effort considérable depuis l'après-guerre en matière de formation initiale, permettant à l'ascenseur social d'être, dans un premier temps, à l'égale disposition de tous, la réalité présente aujourd'hui un tout autre visage. Les jeunes sont bien les premières victimes de la montée du chômage.

Or l'accroissement des inégalités entre les générations qui en résulte est le ferment d'une exclusion qui est aujourd'hui d'autant plus dure qu'elle dure et fait germer la graine d'un dangereux ressentiment chez tous ceux qui en sont les victimes.

Ce problème est crucial.

On ne peut plus laisser la jeunesse enfermée dans cette désespérance face à l'avenir. La seule solution qui permette à ces jeunes de se construire, d'accéder à une autonomie, de devenir citoyens à part entière, est de leur faciliter l'accès à l'emploi.

Cet engagement, notre engagement en ce domaine est incontournable, car à l'heure d'une mondialisation aussi féroce que vorace, la jeunesse est le bras armé de l'avenir de notre pays. Il faut donc non seulement les écouter, mais aussi les soutenir, surtout si nous voulons qu'en retour ils nous écoutent. Soutenons-les dans ce difficile parcours qu'on les oblige aujourd'hui à emprunter, en leur ouvrant grandes les portes de l'engagement professionnel pour leur permettre de devenir des acteurs à part entière du changement. C'est l'objectif du texte qui nous est présenté, et nous avons le devoir moral d'y souscrire, car l'urgence est déjà derrière nous.

Les jeunesses sont multiples, hétérogènes. C'est sur ce point que je veux attirer votre attention en évoquant la situation des jeunes handicapés.

Ils sont des milliers de futurs citoyens confrontés à des montagnes de difficultés qui justifient une prise en compte spécifique de leur situation différente.

Malgré tous les dispositifs d'accompagnement déjà en place, l'accès à la formation et à l'enseignement supérieur, et donc, in fine, à l'emploi, demeure un obstacle majeur pour les jeunes en situation de handicap.

Aujourd'hui, 80 % des demandeurs d'emploi titulaires d'une reconnaissance de travailleur handicapé ont un niveau inférieur au BEPCAP.

Le taux de chômage des personnes handicapées est le double du taux national.

Si les étudiants handicapés sont, chaque année, plus nombreux à s'inscrire à l'université, une majorité d'entre eux n'aura pas accès aux filières classiques des formations supérieures.

Pourtant, leurs parcours, ponctués de soins, d'hospitalisations, de traitements parfois longs, ne les empêchent pas d'aspirer à une vie normale. Il faut seulement mettre en oeuvre des mesures adaptées permettant d'aplanir la route de leur avenir professionnel et social.

Pour un jeune handicapé, l'espace-temps dans lequel il se construit n'est pas le même que pour nous tous. Il a nécessairement besoin d'une durée plus longue pour se former, et donc, pour entrer dans la vie active. Ce besoin de temps doit avoir sa traduction concrète dans la rédaction de la loi qui nous est présentée. Je me félicite que cela ait pu être pris en considération.

En repoussant l'âge limite du dispositif « emplois d'avenir » à trente ans pour tous ces jeunes, ce projet de loi est le premier marqueur de ce qui sera désormais notre feuille de route : inclure dans chaque loi un volet consacré au handicap, comme vient de le rappeler le Premier ministre qui s'est adressé à l'ensemble du Gouvernement.

Ce que nous construisons ici est un cercle vertueux, car en encourageant l'accès à l'emploi, nous favorisons l'accès à une vie autonome, aux droits fondamentaux de la personne, et nous développons ainsi la prise de responsabilité de ces jeunes dans notre société.

Lorsque les personnes en situation de handicap accèderont en grand nombre à la responsabilité civique, sociale et politique, nous serons alors véritablement dans une étape de modernisation, de reconnaissance de la personne, au-delà de son handicap. N'oublions jamais que, derrière un handicap, il y a d'abord une personne.

C'est une évolution majeure que je veux souligner ici, et ce texte constitue une étape incontournable dans ce processus. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et RRDP.)

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