Intervention de Audrey Linkenheld

Séance en hémicycle du 9 octobre 2012 à 21h30
Régulation économique outre-mer — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAudrey Linkenheld :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues – pour ceux qui sont encore présents –, cela a été dit : même si le pouvoir d'achat est une question qui préoccupe tous les Français, le problème de la vie chère frappe tout particulièrement nos concitoyens ultramarins.

La crise économique se ressent avec une acuité renforcée en outre-mer et met la cohésion sociale de ces territoires à rude épreuve, comme l'ont montré les fortes revendications sociales en 2009 et les années suivantes. On comprend cette exaspération quand on voit que les prix des services et des biens de consommation courants y sont 30 % à 60 % plus chers que dans l'hexagone !

Cette cherté des prix traduit un déséquilibre économique qui touche toutes les catégories sociales, les plus modestes bien sûr, mais aussi les classes moyennes, dans le contexte d'un niveau de revenus en outre-mer bien intérieur à la moyenne nationale. Les ultramarins sont désemparés face aux phénomènes de monopoles et de collusions qui permettent à certaines entreprises d'accumuler des marges abusives et de bénéficier de rentes.

Je voudrais dire qu'en tant que socialiste, et je pense que mes collègues du groupe SRC approuveront, je crois en la nécessaire régulation de notre économie. C'est la raison pour laquelle j'approuve les orientations de ce projet de loi et les améliorations proposées.

Le débat sur la régulation de l'économie de marché ne date pas d'hier, mais reste plus que jamais d'actualité, et je veux le réaffirmer encore aujourd'hui : pour que l'économie soit à la fois efficiente et juste, nous ne pensons pas que le libre-échange et le libre jeu de l'offre et de la demande suffisent à garantir le bon équilibre et la bonne allocation des ressources.

Nous avons, nous législateurs, un rôle à jouer et surtout la responsabilité, non seulement de créer un environnement économique favorable, transparent et concurrentiel, mais aussi de mettre en place les conditions pour que les besoins essentiels de nos concitoyens soient satisfaits.

Comme vous le savez, j'ai l'honneur, pour quelque temps encore, d'être rapporteure du projet de loi sur la mobilisation du foncier public en faveur du logement social. À ce titre, je ne peux m'empêcher de rapprocher la régulation économique nécessaire en outre-mer de celle du marché immobilier. Ce sont en effet bien la pénurie de l'offre de logements et l'inadéquation de cette offre avec la demande qui sont à l'origine de la crise du logement et qui motivent surtout les mesures de régulation du marché immobilier.

Le décret d'encadrement des loyers pris en août dernier, le renforcement de la loi SRU que nous avons voté, l'incitation à la libération du foncier pour créer un « choc d'offre » telle que le prévoit le projet de loi de finances pour 2013, ce sont là des mesures de régulation. Et c'est aussi une régulation juste et ferme qu'il nous faut mettre en place en outre-mer pour remettre l'économie dans le bon sens et rendre ainsi à ceux qui y résident un pouvoir d'achat décent. L'insularité, la petite taille des marchés ultramarins et quelques mauvaises habitudes, si l'on peut exprimer cela ainsi, agissent aujourd'hui en défaveur des habitants de ces territoires, pris au piège de certains effets pervers du jeu de l'offre et de la demande. C'est à ce dérèglement structurel qu'il s'agit d'apporter une réponse aujourd'hui par le biais de ce projet de loi qui ne règle pas tous les problèmes ultramarins, mais s'attaque à l'un des plus douloureux.

Les spécificités des territoires d'outre-mer ne doivent pas être ignorées, et je voudrais conclure en soulignant combien je souscris à cette vision de la République qui, tout en étant la même pour tous, sait reconnaître les différences pour mieux garantir une égalité réelle entre tous les citoyens français.

Pour ma part, je suis l'élue non d'une île, mais de Lille (Sourires) dans la région Nord-Pas-de-Calais, qui je le crois, a beaucoup de choses en commun avec les outre-mer, peut-être pas le climat, mais la chaleur humaine, et surtout une population qui, chez nous aussi, est plus jeune que la moyenne et plus fragile socialement, mais qui, dans le même temps, montre une détermination sans faille et une solidarité qui lui permettent de surmonter bien des épreuves ; elle l'a montré dans le passé et continue de le faire dans le présent.

Voter ce projet de loi est à la fois un signal que la nation adresse aux outre-mer et un symbole de ce qu'est notre nation. Ce soir, nous montrons notre volonté de redresser l'économie dans la justice. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, GDR et RRDP.)

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