Intervention de Marion Maréchal-Le Pen

Séance en hémicycle du 7 janvier 2014 à 21h30
Agriculture alimentation et forêt — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarion Maréchal-Le Pen :

Comme vos prédécesseurs, vous abdiquez malheureusement toute volonté politique devant le libre-échangisme de l’UE et de l’OMC. Les géants multinationaux, dont rien ne semble plus freiner l’hégémonie, vous sauront gré de ne pas entraver leurs projets. Nos petits paysans, eux, ont déjà compris que vous ne les protégeriez pas.

Monsieur le ministre, la seule attente de nos agriculteurs, ce sont des prix qui rémunèrent de manière équitable le travail qu’ils fournissent, pas un alourdissement supplémentaire d’un code rural dans lequel plus un juriste ou un agriculteur ne se retrouve depuis longtemps.

Croyez-vous donc vraiment qu’en baissant massivement les charges des agriculteurs français, on arrivera à régler le problème ? De toute façon, les distorsions en matière de droit du travail, de réglementation environnementale ou de coût du travail tout simplement sont telles que cela ne suffira évidemment pas à régler le problème de compétitivité de nos producteurs.

Désireux d’encourager l’installation des jeunes agriculteurs, vous avancez une batterie de mesures visant à mieux contrôler la gestion du foncier agricole, intention louable et légitime, si tant est que cette énième usine à gaz parvienne à produire des résultats. Malheureusement, elle ne pourra, faute de prix rémunérateurs et de visibilité à moyen terme, assurer la pérennité des nouveaux installés. Comment voulez-vous gérer un endettement de plus en plus long et élevé quand le prix de vos productions est susceptible de varier du simple au double en moins d’un an ?

L’avenir de l’agriculture n’est pas dans cette loi, qui, décidément, porte bien mal son nom. Pour voir émerger l’agro-écologie, la préservation de la diversité de nos productions, l’installation d’une nouvelle génération ou encore l’accès, pour tous les Français, à une alimentation de qualité, encore faut-il assurer la pérennité de nos exploitations et de nos productions. Or l’avenir de notre agriculture est dicté depuis bien longtemps par l’Union européenne et l’OMC. La première tarit peu à peu les subventions comme on retire le tabouret sous les pieds d’un pendu, pendant que la seconde a eu la peau de toute régulation des prix.

L’inquiétant avenir de l’agriculture française s’écrit actuellement en secret, à l’abri du regard des peuples et des agriculteurs, dans les antichambres feutrées où se négocie le traité de libre-échange avec les États-Unis. Cet avenir, ce sont les OGM, la foire aux matières premières, aux traders, les viandes produites et transformées dans des conditions désastreuses et irrespectueuses de la dignité des animaux, le monopole des géants de la chimie et de la malbouffe.

Cet avenir, les Français n’en veulent pas. En l’espace d’une année, vous avez réussi à présenter une PAC à l’agonie comme une victoire française, avant de vous lancer dans un saupoudrage des aides en vous appuyant sur des prévisions de revenus qui se sont révélées totalement erronées. La seule véritable victoire serait que la contribution française à l’Europe soit directement versée par nous-même à nos agriculteurs, de façon plus juste et équilibrée.

Vous avez aussi promis aux Français la traçabilité des viandes dans les plats préparés. Pourtant, par la suite, vous avez demandé aux députés de s’abstenir de voter une loi qui l’imposerait afin de ne pas contrarier la Commission européenne et de ne pas entraver ces fameuses négociations transatlantiques. Comme l’UMP hier, vous êtes les complices d’une politique qui relève de moins en moins de la souveraineté française.

L’agriculture, et, avant tout, ces petites exploitations à taille familiale et humaine, est une richesse à préserver. Le circuit court, la production locale, est un modèle à défendre, parce qu’il est plus écologique et de meilleure qualité. J’ai pour les hommes et les femmes qui en font leur métier plus d’ambition que les méandres technocratiques de votre texte et, pour cela, il faut accepter de remettre en question le libéralisme débridé. Malheureusement, en l’absence de véritable solution dans votre texte, vous condamnez une fois de plus les agriculteurs français à être les grands perdants de la mondialisation.

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