Intervention de Niels Annen

Réunion du 21 mai 2014 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Niels Annen, SPD :

Dans la situation de crise que nous connaissons, il est bon de travailler ensemble, au niveau gouvernemental mais également parlementaire.

En ce qui concerne la politique étrangère commune, ne parlons pas uniquement de ce qui fait défaut : cette politique existe lorsque la France et l'Allemagne sont d'accord. C'est du moins ce que nous enseigne l'expérience. De ce point de vue, et au-delà de la gestion de crise, le déplacement conjoint des trois ministres des affaires étrangères a sensibilisé l'opinion.

S'agissant de l'Ukraine, il me semble que le président Poutine a sous-estimé la volonté européenne de parler d'une seule voix. En d'autres termes, nous avons des moyens d'action. L'histoire explique que nous n'ayons pas la même perception de la situation que nos collègues des pays baltes, avec lesquels, disons-le franchement, je ne suis pas d'accord. Mais nous devons parler ensemble de nos craintes respectives.

La période actuelle est décisive ; nous espérons tous que nous n'aurons pas besoin de passer à l'étape suivante des sanctions, qui serait une véritable épreuve pour la politique extérieure de l'Union. Je suis très sceptique et très réticent vis-à-vis des sanctions économiques, mais le Bundestag est prêt au compromis si celles-ci recueillent l'assentiment de la majorité des Européens. Il est essentiel de préserver la crédibilité de notre action commune. Si nous devions en arriver à une décision cruciale, il faut que nous soyons parfaitement d'accord.

Nous devons gérer une crise. Nos décisions auront un effet durable sur notre relation avec la Russie. Si la violation de l'intégrité territoriale d'un pays souverain est inacceptable, nous n'en devons pas moins mesurer ce que nous risquerions en nous détournant économiquement, politiquement, culturellement de la Russie. Au cours des dernières semaines, j'ai suivi avec attention ce qui se dit dans certains États membres, mais aussi à l'OTAN. Le dilemme auquel nous sommes confrontés est le suivant : si nous apportons une réponse stratégique à cette crise, nous devrons abandonner une partie de ce qui a fondé l'Union européenne. En outre, à long terme, la Russie risque de faire des choix en matière économique : ce n'est pas un hasard si le président Poutine cherche à intensifier ses relations avec la Chine. Je n'ai pas de certitude à ce sujet, mais je constate une contradiction entre la nécessité de tenir compte des craintes de nos voisins européens de l'Est et notre attachement à certains principes de politique internationale. Bref, nous devons jouer les équilibristes.

Nous avons probablement sous-estimé la sensibilité et la détermination qui s'expriment du côté russe. Nos deux parlements devront réfléchir aux instruments à mettre en oeuvre pour que notre politique de voisinage reste efficace. Parlons-en en toute franchise.

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