Intervention de Andreas Schockenhoff

Réunion du 21 mai 2014 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Andreas Schockenhoff, CDUCSU, président du groupe d'amitié AllemagneFrance :

Quelles conséquences l'évolution de la situation intérieure en Russie peut-elle avoir sur les États membres de l'Union européenne ? À l'occasion de la crise ukrainienne, on a observé un nouvel élan d'enthousiasme nationaliste en Russie. En Europe, il existe déjà plusieurs formes de nationalisme : un protectionnisme opposé à tous types de migrations ; un nationalisme ethnique avec des tendances séparatistes, comme en Catalogne ou en Écosse. Voici un nationalisme impérialiste : Poutine et Lavrov déclarent depuis des semaines à la télévision que si des citoyens russes appellent au secours, ils ne les laisseront pas en plan, où qu'ils se trouvent. Des dizaines de milliers de passeports russes ont été délivrés en Transnistrie ; il s'était produit exactement la même chose à l'époque avant la crise en Georgie, en 2008. Un de nos collègues de la Douma a même affirmé, devant la télévision d'État russe, que la Russie est là où vivent des Russes. Imaginez l'effet d'une telle déclaration sur les pays baltes, la Moldavie ou la Biélorussie ! Que se passerait-il si Viktor Orbán disait la même chose ? Tous ceux qui se montrent compréhensifs à l'égard de la Russie devraient prendre garde à de tels propos.

Il reste que l'Europe ne peut pas concevoir de politique internationale sans la Russie, et réciproquement. L'Europe ne doit pas se laisser diviser par cette crise, elle ne doit pas considérer les choses, point par point, mais envisager la question dans sa globalité.

Pour que la politique extérieure commune devienne opérationnelle cher collègue Poniatowski, il faut lui donner des moyens. À l'est, nous avons affaire à un interlocuteur qui a des prétentions hégémoniques, tandis qu'en Afrique, les Américains estiment qu'une politique de sécurité est accessoire. Aucun État membre de l'Union ne dispose de moyens suffisants pour mener isolément une politique étrangère ambitieuse : celle-ci ne peut être que transnationale. Si nous voulons intervenir en Afrique, il faudra pouvoir assurer une présence militaire ; si nous souhaitons mener une politique de voisinage digne de ce nom, il ne faut pas hésiter à recourir à tous les moyens dont nous disposons, y compris les sanctions.

Nous sommes prêts à une intégration politique en Europe. Les débats auxquels ont donné lieu le traité de Maastricht et le traité constitutionnel européen devraient nous conduire à nous interroger sur nos possibilités d'actions transnationales. Il nous faut donner une capacité d'agir à l'Europe, sinon celle-ci se trouvera marginalisée.

Un dernier mot : on peut aimer l'Europe et apprécier le collègue Myard, ce n'est pas incompatible !

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