Intervention de François Brottes

Séance en hémicycle du 9 juillet 2014 à 21h45
Agriculture alimentation et forêt — Article 18

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Brottes, président de la commission des affaires économiques :

Au risque d’apparaître comme un ancien combattant, monsieur le ministre, nous avons, en 2003, mené une commission d’enquête, présidée par Christian Estrosi – c’était donc le même territoire qui était concerné. Daniel Spagnou en était le rapporteur et j’en étais le vice-président.

À l’époque, on disait que le loup était réintroduit artificiellement par des gens qui les mettaient dans leur coffre etc. La commission d’enquête a prouvé que le loup s’était bien réintroduit tout seul, parce qu’il a une capacité à se déployer, faisant plusieurs centaines de kilomètres par semaine sans difficulté. Il se propage en quelque sorte en « taches de léopard », et pas forcément dans la continuité. C’est un point qui ne fait plus débat.

De la même façon, ne fait plus débat le fait que, quelles que soient les mesures de protection que l’on prend, on n’arrive pas à résoudre le problème de la sécurité des troupeaux. Étant allé sur les alpages, j’y ai vu des enclos. Les moutons attrapaient une maladie, le piétin, et pour soigner cette maladie, il fallait que le berger passe dix minutes par patte d’animal.

Il y a aussi le chien patou. Le patou peut éventuellement lutter contre le loup, mais il s’attaque aussi aux promeneurs, aux randonneurs et aux vététistes. Dans les Pyrénées et surtout dans les Alpes, il y a des accidents.

Je salue la position du Gouvernement, car on est moins passionnel sur ce sujet. Les pouvoirs publics ont aujourd’hui une attitude extrêmement constructive à l’égard des éleveurs qui, en 2003 – c’était pourtant une majorité différente – n’étaient pas au rendez-vous de cette prise de conscience partagée. Le loup se rapproche des habitations. J’ai connu cela dans ma circonscription où, pendant des jours et des jours, l’Office de la chasse a couru après un loup qu’il n’arrivait pas à attraper. Il s’était attaqué à des génisses, alors que des experts nous avaient dit, au cours de la commission d’enquête, que jamais le loup ne s’attaquerait aux bovins.

On voit bien que, progressivement, le loup s’adapte à son environnement. Nous avons tous raison. Personne n’a parlé d’éradication, mais la régulation s’impose parce que son comportement évolue. Encore une fois, je salue les pouvoirs publics pour avoir pris conscience de la question qui se pose.

J’ajoute – Mme Massat est soucieuse que j’évoque cet argument – que les moutons dans les alpages sont aussi un moyen de se préserver des avalanches. Quand l’herbe est rase, la neige est retenue. Quand elle est couchée et lisse, les risques d’avalanche sont plus grands. C’est un argument supplémentaire. Cela fait aussi partie des éléments du paysage, concernant la question de la régulation de ce prédateur.

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