Intervention de Laurence Rossignol

Séance en hémicycle du 9 septembre 2014 à 15h00
Adaptation de la société au vieillissement — Présentation

Laurence Rossignol, secrétaire d’état chargée de la famille, des personnes âgées et de l’autonomie :

Monsieur le président, madame la présidente de la commission des affaires sociales, madame la présidente de la délégation aux droits des femmes, mesdames les rapporteures, mesdames, messieurs les députés, en introduction à mon propos, et parce que nous allons souvent chercher le mot juste au cours des trois jours de discussion, je souhaite consacrer quelques instants à deux propos préalables sur le vocabulaire et le sens.

« Adaptation de la société au vieillissement », tel est l’intitulé du projet de loi que nous vous présentons avec Marisol Touraine. S’agit-il pour notre société de s’adapter à son propre vieillissement ? Ou plutôt, comme je le crois, d’adapter notre société, c’est-à-dire ses politiques publiques, ses évolutions éthiques, sociologiques et sociales au vieillissement d’un plus grand nombre d’individus ? Ce n’est pas la société qui vieillit, c’est la population. La nuance, dans un pays sensible à la peur du déclin, mérite d’être prise en compte.

La population vieillit ; de plus en plus d’individus atteignent un âge avancé. Dans le même temps, la France est un des pays européens au taux de natalité le plus élevé. Avec plus de 800 000 naissances par an, la France n’est pas un pays vieillissant ; c’est un pays qui conserve un bon équilibre entre les générations et, ainsi, toute sa capacité à se mobiliser, à se transformer et à innover. Et cette dynamique de la transformation collective harmonieuse réside dans notre capacité à renforcer la cohésion intergénérationnelle.

Au moment où nous connaissons une mutation accélérée des modes de production et de vie, la cohabitation des âges est essentielle, car elle réalise la synthèse entre le passé et l’avenir et témoigne de la permanence d’une dynamique de réciprocité entre les générations. L’harmonie de la cohabitation des âges nous relie avec la longue lignée des générations qui nous ont précédés, et prolonge la transmission qui structure aussi bien l’identité individuelle que l’identité collective.

Quels sont les bons mots pour désigner les hommes et les femmes dont nous allons parler pendant ces trois jours ? Âgés, anciens, aînés, seniors, silvers, retraités : les mots ne manquent pas pour nommer les bénéficiaires de ces politiques. Cette profusion révèle surtout que le mot « vieux », encore toléré comme adjectif, est cependant proscrit comme substantif, comme si le vieux était ipso facto objet de discrimination, et l’aîné objet de respect.

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