Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 24 septembre 2014 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'intervention des forces armées en irak et débat sur cette déclaration

Manuel Valls, Premier ministre :

Il ne doit pas y avoir à ce propos le moindre doute : la France est en capacité d’intervenir au Mali et d’être présente en Centrafrique, de remplir ses obligations au Liban et d’intervenir dans le contexte que vous connaissez en Irak. La question de savoir comment faire encore davantage d’économies budgétaires tout en augmentant le budget de la défense peut donner lieu à un débat noble et démocratique, mais il ne peut y avoir de doute quant à notre capacité à intervenir à l’extérieur et à être au rendez-vous.

Pour ce qui concerne la radicalisation, je rappelle que, pour la première fois, ce gouvernement a choisi de développer une politique de prévention et de réinsertion à l’égard des jeunes tentés par la violence radicale. Il s’agit là d’un sujet majeur. Entre le texte présenté par M. Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, et la loi antiterroriste, j’ai moi-même évolué sur cette problématique en confrontant nos points de vue et nos opinions avec ceux d’autres gouvernements et avec les travaux menés au niveau de la Commission européenne. Il n’est pas dans notre tradition d’agir dans le domaine de la « contre radicalisation », qui est plutôt une pratique anglo-saxonne, mais il nous faut échanger pour déterminer les meilleurs moyens d’agir en la matière.

Cette politique ne se substitue évidemment pas à l’action judiciaire et pénale qui doit sanctionner les comportements illicites et contraires à nos valeurs, même lorsque ces actes sont commis à titre individuel – nous faisons bien évidemment évoluer notre droit dans ce domaine. Elle est cependant nécessaire face au rajeunissement et à l’évolution des profils qui se fourvoient dans une idéologie nihiliste et négatrice des valeurs fondamentales.

J’ai moi-même déclaré ici la semaine dernière, qu’il y avait eu – même s’il faut se garder des mélanges et des raccourcis – une trentaine d’années d’échec de nos politiques d’intégration. Il faut bien sûr nous garder de tout mélanger et de confondre un échec avec l’attitude d’une minorité, de quelques centaines d’individus qui, pour beaucoup, ont déjà connu la délinquance – dans le Nord de l’Europe, ces individus ont même connu le crime organisé. C’est pour nous en tout cas une alerte majeure : jamais nous n’avons vu dans notre société, en notre sein, au moins dans le passé récent, des résidents, des Français, se retourner contre leur propre pays. Cela nous oblige à une réflexion et je souhaite que nous puissions y travailler tous ensemble – c’est ce que vous avez fait notamment à partir du texte présenté par Monsieur Cazeneuve.

Monsieur Vigier, madame Guigou, vous m’avez interrogé sur notre capacité opérationnelle – nous en avons la volonté politique et les moyens – et sur le fait qu’il faut impliquer davantage l’Europe. Nous ne pouvons nous satisfaire de la situation actuelle.

S’agissant, monsieur Vigier, du coût des OPEX, il sera, en tout cas à ce stade, limité par rapport à celui de l’opération du Mali, car nous agissons à partir de bases prépositionnées aux Émirats Arabes Unis.

Je n’ai pas, en cet instant, d’indication à vous donner concernant les coûts, et vous comprenez bien pourquoi, mais nous veillerons, comme pour l’ensemble des autres opérations extérieures, à ce que les surcoûts soient compensés.

Madame Guigou, je vous remercie de vos propos sur les musulmans de France et sur le refus de tout amalgame. Quant aux contributions des pays voisins de l’Irak, nous avons besoin de leur soutien politique, et tel est le cas pour nombre d’entre eux : le Qatar, la Jordanie, les Émirats Arabes Unis, l’Arabie saoudite, le Bahreïn, le Koweït. Nous avons besoin de leur soutien militaire, sachant que ces pays participent aux opérations. Nous avons aussi besoin de leur soutien financier pour l’aide humanitaire, pour l’aide aux réfugiés et pour le financement de la modernisation des armées, car ces questions-là se posent – je pense notamment au Liban, où nous sommes actifs, ainsi qu’à la Tunisie, où je me suis rendu voilà quinze jours.

Voilà une première réponse, mesdames, messieurs les députés.

On me passe un mot, mais il est difficile pour moi de m’exprimer sur l’information en question – elle nous avait malheureusement déjà été donnée ce midi – tant que je n’ai pas reçu de confirmation. Je fais attention à toute déclaration à l’Assemblée.

Pour terminer, je tiens une fois encore à saluer la responsabilité dont ont fait preuve l’ensemble des groupes et la gravité des propos qui ont été tenus face à la menace et au danger. Des compatriotes ont été enlevés, le pire est à attendre. Et c’est dans ces moments-là, au-delà de nos différences, que la France est grande.

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