Intervention de Sonia Lagarde

Séance en hémicycle du 26 novembre 2014 à 15h00
Droit fondamental à l'interruption volontaire de grossesse — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSonia Lagarde :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la délégation madame la secrétaire d’État, madame la présidente de la délégation aux droits des femmes, mes chers collègues, il y a maintenant quarante ans, jour pour jour, Simone Veil prenait la parole à cette même tribune pour défendre le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse. Ce 26 novembre 1974, elle allait marquer le septennat de Valéry Giscard d’Estaing par son courage, par la noblesse de son combat, comme elle allait marquer le siècle dernier du sceau du progrès.

Je veux tout d’abord vous dire mon émotion et ma fierté, en tant que députée de la Nation mais aussi en tant que femme, de me tenir aujourd’hui à sa place. En effet, nous lui devons le droit pour toute femme, majeure ou mineure, qui ne veut pas poursuivre une grossesse, de demander à un médecin son interruption. Ce droit constitue un acquis majeur et marque une étape essentielle dans la conquête de la liberté la plus fondamentale pour les femmes, celle de disposer librement de leur corps.

La conquête de ce droit appartient également à la grande histoire de la lutte en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes, lutte qui, vous l’avez rappelé, est loin d’être achevée, mais qui a depuis longtemps dépassé cette seule dimension. Ce droit est en effet devenu une partie de notre héritage commun, désormais inscrit au panthéon des valeurs qui font la République. Avec cette loi, la société française est parvenue à un consensus précieux, au prix d’un bouleversement profond des mentalités, un bouleversement qui avait et continue d’avoir une résonance intime et charnelle pour chaque Française, pour chaque Français, un bouleversement qui a violemment divisé ou légitimement inquiété.

La proposition de résolution que nous examinons aujourd’hui démontre que le droit à l’avortement n’est plus le combat d’une partie de cet hémicycle contre une autre, ni même le combat d’une partie de la société contre une autre.

Cependant, nous devons avoir conscience que ces avancées, qu’il nous semble aujourd’hui indispensable de réaffirmer, sont fragiles et qu’elles peuvent à tout moment être remises en cause. C’est tout le sens de cette résolution.

Déjà Simone de Beauvoir, avec beaucoup de lucidité, nous alertait de ce risque, quand elle disait : « n’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse, pour que les droits des femmes soient remis en question ».

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