Intervention de Roger-Gérard Schwartzenberg

Séance en hémicycle du 21 janvier 2015 à 15h00
Débat sur la fin de vie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoger-Gérard Schwartzenberg :

…bien que la distinction soit rendue très ténue par la notion d’« effet secondaire », qui figure dans le texte de M. Leonetti.

Il faut sortir de cette situation ambiguë en reconnaissant, dans ce cas, le droit d’obtenir une véritable assistance médicalisée permettant de terminer sa vie dans les meilleures conditions possibles.

Actuellement, le droit pénal assimile l’aide active à mourir, selon les circonstances, à un assassinat, à un meurtre ou à un empoisonnement. Même si, en fait, les condamnations sont assez rares, le législateur ne peut se défaire ainsi de ses responsabilités. Il ne peut s’en remettre à l’appréciation, aléatoire et variable, de juridictions statuant cas par cas et coup par coup.

Le droit de mourir médicalement assisté doit, bien sûr, être strictement encadré. Mais l’impératif est clair : respecter la volonté du malade ; respecter le libre choix par chacun de son destin : en un mot, respecter le droit des patients à disposer d’eux-mêmes, ultime espace de liberté et de dignité.

La proposition de loi de MM Claeys et Leonetti admet ce qu’elle appelle « une sédation profonde et continue jusqu’au décès ». Mais, en réalité, quelle différence y a-t-il, quant à l’issue finale, entre une forte utilisation de produits sédatifs jusqu’au décès et le recours à des substances létales ? Comme le Pr Sicard le concède dans son rapport, « la frontière entre l’euthanasie volontaire et la sédation profonde peut sembler poreuse. »

Par ailleurs, la sédation en phase terminale s’accompagne de l’arrêt des traitements et des soins, tels que l’alimentation et l’hydratation artificielle, entraînant souvent des effets très pénibles : faim, soif, phlébites, escarres, infections. Une telle situation peut se prolonger pendant une semaine, parfois plus.

Le terme d’agonie vient du grec agônia, qui veut dire lutte, angoisse. Faudrait-il nécessairement partir dans la détresse et la douleur ? L’agonie ne doit pas être une étape obligée avant la mort. L’objectif est au contraire de permettre au mourant de partir sans souffrir davantage.

Changer la mort : tel est le tire du livre publié en 1977 par le professeur Léon Schwartzenberg et qui plaidait pour une fin de vie apaisée et digne, pour une médecine secourable. Assister ceux qui sont arrivés au bout du chemin et qui souffrent intensément, cela relève de la compassion, de l’humanité, de la fraternité. La vraie fraternité, celle qui continue jusqu’au dernier instant.

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