Intervention de Laurent Fabius

Réunion du 14 janvier 2015 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international :

Oui, mais nous ne sommes pas engagés militairement en Syrie, ni auprès de l'un, ni auprès de l'autre.

Quant aux États-Unis, il y a une véritable polémique en leur sein. John Kerry viendra vendredi, je le recevrai et il ira à l'Élysée.

S'agissant des forces armées, le Président de la République a déclaré tout à l'heure qu'il fallait moduler l'évolution des effectifs.

Monsieur Bacquet, concernant Barkhane, il fallait changer notre dispositif. Nous sommes là-bas contre le terrorisme. Mais il faut prendre des dispositions pratiques pour qu'il ne puisse y avoir de razzia à Madama, d'autant qu'il y a non loin, au sud de la Libye, de nombreux terroristes professionnels, y compris certains de ceux que nous recherchons.

Il faut bien distinguer la question du terrorisme, sur laquelle nous avons eu le soutien de beaucoup de pays – y compris de l'Indonésie –, de celle des caricatures, où les réactions sont plus contrastées.

Sur le Maroc, je vais essayer de contribuer à sortir de cette situation difficile.

Quant au premier ministre israélien, il a, je crois, été bien accueilli avec la délégation de son pays.

Merci, en tout cas, monsieur Habib, de l'éloge que vous avez fait de M. Valls.

S'agissant du Yémen, la situation est très difficile. Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) est un acteur important du jihad global. Nous pensons qu'il y a entre 5 000 et 7 000 combattants dans ses rangs, dont un millier d'étrangers, avec beaucoup de personnes formées en Afghanistan. L'organisation affiliée à Al-Qaïda dans cette péninsule est Ansar al-Sharia, qui compte entre 2 000 et 4 000 hommes, avec pour leader al-Zawahiri, qui a comme bras droit al-Wahishi. Donc AQPA a un rôle privilégié parmi les autres branches d'Al-Qaïda.

Mais il s'agit d'un groupe terroriste sous pression : il a perdu beaucoup des siens après les frappes de drones américains, les forces gouvernementales du Yémen ont conduit beaucoup d'opérations depuis le printemps 2014 et des rebelles sont parvenus à prendre le contrôle de Sanaa en septembre dernier. Reste qu'il constitue une menace aiguë car il a des capacités opérationnelles significatives. Depuis septembre 2014, AQPA dispose d'environ 200 combattants à Sanaa et a revendiqué plusieurs attaques dans la capitale.

Ses objectifs sont triples : déstabiliser le régime yéménite, combattre l'avancée des rebelles et frapper les intérêts étrangers, aussi bien au Yémen qu'à l'extérieur – sachant que Total constitue une de ses cibles. Il est également capable de réaliser des opérations de grande ampleur.

Vis-à-vis de Daech, AQPA a rejeté tout ralliement formel et réaffirmé son soutien à Al-Qaïda. Mais ce premier est intéressé par le Yémen et il y a des rivalités entre eux.

Ils ont dans leurs rangs moins d'une dizaine de Français, ainsi qu'un certain nombre de Français dans les écoles salafistes du Yémen. Ces compatriotes jouent malheureusement un rôle important dans l'organisation, qui cherche à frapper à la fois les États-Unis et l'Europe. Par ailleurs, AQPA souhaite recruter des combattants occidentaux présents en Syrie, essentiellement des Britanniques, des Américains et des Français.

Un des dangers graves des attaques de la semaine dernière est qu'elles ont eu une publicité exceptionnelle et que ces esprits malades font le rapport entre le peu de moyens nécessaires pour réaliser cette opération et l'impact énorme qu'elle a eu. C'est donc hélas une incitation à aller frapper des pays occidentaux alors que, dans les derniers temps, les frappes avaient surtout concerné leurs pays. Cela doit nous amener à y réfléchir et à agir.

Monsieur Rochebloine, s'agissant de la question du lien avec le conflit israélo-palestinien, il est faux de dire que tout ce qui se passe dans le monde en matière de terrorisme est lié à ce conflit, de même qu'il est faux de penser qu'il n'y a pas de gens qui trouvent de raison ou de prétexte à leur action dans celui-ci. En tout cas, dans les attentats de la semaine dernière, il n'y a pas eu de lien affirmé avec ce conflit. Mme la présidente Élisabeth Guigou. Monsieur le ministre, je vous remercie.

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