Intervention de Guillaume Tusseau

Réunion du 13 mars 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Guillaume Tusseau :

Pourquoi devrions-nous être modérés dans les propositions que nous formulons et pourquoi les pistes de réforme que vous avancez devraient-elles être exclusives les unes des autres ? Ne peut-on imaginer une architecture globale qui les combinerait ?

Je ne suis pas d'accord avec votre diagnostic comparatif, qui vous incite à penser que les institutions fonctionnent mieux dans les autres pays européens, que ce soit en termes de clarification des objectifs de l'exécutif ou en termes de responsabilisation politique de ceux qui portent ces objectifs : ce n'est selon moi le cas ni en Italie, ni en Belgique, même si les Belges n'élisent pas de président.

Il y a une profonde ambiguïté dans l'élection du Président de la République au suffrage universel direct. Sa vertu considérable, surtout dans les circonstances actuelles, est qu'elle est la seule échéance politique qui aujourd'hui intéresse les Français, les mobilise et suscite le débat politique, ce qui n'est pas rien. Dans le même temps pourtant, cette focalisation extrême de la vie politique sur cette seule échéance conduit à la dissolution de la solidarité gouvernementale et fait de cette élection une perspective obsessionnelle, au détriment d'un vrai débat sur le fond, les valeurs et les perspectives de long terme.

Je suis donc partagé entre la volonté – dans une perspective radicale et nullement modérée – de supprimer le problème en abolissant la présidence de la République et la tentation de présidentialiser et de gouvernementaliser encore davantage la Présidence de la République, le Premier ministre faisant cette fois-ci les frais de cette situation. Pourquoi, dans cette perspective ne pas imaginer un système de recall, permettant de responsabiliser le Président de la République devant le peuple, comme l'est aujourd'hui le Premier ministre devant l'Assemblée, en offrant aux citoyens la possibilité de remettre en jeu son mandat et en donnant au peuple, comme le préconise Roberto Unger, un droit à la déstabilisation et à l'intervention, un droit à faire valoir son énergie politique propre en intervenant éventuellement de sa propre initiative pour résoudre un litige entre le Parlement et le Président ?

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