Intervention de Philippe Goujon

Séance en hémicycle du 7 avril 2015 à 15h00
Modernisation du système de santé — Article 9

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Goujon :

L’article 8 levait l’interdit d’injection de drogues par intraveineuse, justement pour permettre de légaliser les salles de shoot à l’article 9, nous y sommes. Nous considérons qu’il s’agit d’une atteinte particulièrement grave au souci de protection de la santé publique qui a toujours guidé le législateur. Il est même inscrit dans notre norme juridique suprême via le préambule de la constitution de 1946, ce qui nous permettra d’ailleurs de déposer un recours devant le Conseil constitutionnel.

Ces salles de shoot que vous souhaitez instaurer, non seulement à Paris dans le dixième arrondissement, mais aussi sur toute l’étendue du territoire, cautionnent l’abandon par l’État de l’ambition de guérir les toxicomanes de leur addiction, car même les publics auxquels elles sont destinées, c’est-à-dire les quelques centaines ou quelques milliers d’usagers problématiques de drogues, les fréquenteront peu, parce qu’ils ne veulent pas être fichés et qu’ils ont beaucoup de mal à aller dans ce genre de centres. Partout où elles ont été installées, ces salles n’ont pas permis de réduire leur contamination au VIH ou à l’hépatite C. C’est d’ailleurs confirmé par le rapport de l’Inserm qui a déjà été cité, tout en étant contraire à l’éthique des professionnels de santé.

De surcroît, les expériences étrangères ont prouvé que ces salles ne peuvent fonctionner que si elles font l’objet d’un consensus total parmi la population, les élus, les professionnels de santé, les autorités judiciaires et de police, ce qui – reconnaissez-le – est loin d’être le cas dans notre pays, et notre débat en témoigne.

Vous avez même dû outrepasser la censure du Conseil d’État qui vous faisait le reproche de violer la loi de 1970. Je ne reprendrai pas l’argumentation que beaucoup d’entre nous avons développée à l’article 8 sur les bienfaits de ces salles en matière de réduction des risques, puisque les usagers problématiques de drogue qui les fréquenteront seront les plus marginaux, qui pourront certes y recevoir des soins – il n’y a pas que là – mais qui y accéderont, hélas, déjà contaminés pour la plupart par le VIH ou l’hépatite C. Cela ne servira donc à rien de ce point de vue, et c’est ce qui ressort aussi bien des expériences étrangères que du rapport de l’Inserm.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion