Intervention de Hervé Gaymard

Réunion du 8 avril 2015 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Gaymard, président de la mission d'information :

Notre mission avait pour objectif de faire le point sur les deux pôles, qui sont en quelque sorte les miroirs réfléchissants de notre monde. Nous nous sommes centrés sur trois problématiques.

D'abord, l'évolution du climat. Ce qui se passe en Arctique est très symptomatique de l'évolution du monde depuis un demi-siècle, tandis qu'en Antarctique, nous n'en sommes encore qu'aux prodromes du réchauffement. L'importance de cet enjeu climatique fait que la conférence qui se tiendra en décembre prochain à Paris sera stratégique ; parmi toutes les conférences qui se sont tenues, ce sera sans doute l'évènement le plus important pour l'avenir de l'Arctique.

Ensuite, ce qu'on peut appeler les nouvelles frontières. Les hommes ont toujours besoin d'un Far West et l'Arctique, surtout, fait fantasmer, avec ses ressources naturelles, en particulier les hydrocarbures, et la question des passages : nous connaissions depuis longtemps le passage du Nord-Ouest et maintenant celui du Nord-Est suscite l'engouement, même s'il faut relativiser celui-ci.

Enfin, les aspects géostratégiques. L'Arctique était une région exposée pendant la Guerre froide ; les prologues de plusieurs films de James Bond nous montrent des occidentaux affrontant en Arctique des membres du KGB. Aujourd'hui encore, l'Arctique n'a pas de statut international. Au sud, la situation est différente, avec le Traité sur l'Antarctique de 1959, mais ce texte est structurellement fragile. De nouvelles puissances, comme la Chine, pourraient être tentées de s'affranchir des règles internationales.

La France a des intérêts historiques et majeurs dans les régions polaires. En Arctique, nous avons toujours eu une recherche très active, avec des personnalités comme Charcot, Paul-Émile Victor et Jean Malaurie. Nous devons aussi à l'histoire de posséder encore au Svalbard, dans le Kongsfjord, une station scientifique qui est une sorte d'enclave française dans ce territoire au statut international très particulier. Dans la zone subantarctique, nous sommes une puissance riveraine, avec nos possessions insulaires des Kerguelen, de Crozet, de Saint-Paul et d'Amsterdam, qui appartiennent à la France depuis le XVIIIème ou le XIXème siècles selon les cas. Pour cette raison, la France est le premier pays pour le nombre de publications scientifiques concernant le Subantarctique. Dans l'Antarctique enfin, la situation est différente, car il y a le statut international dont la France est partie prenante. Nous entretenons des équipes de chercheurs dans notre base Dumont d'Urville, en terre Adélie, et, en partenariat avec l'Italie, à la station Concordia, située dans le secteur australien.

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