Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 8 avril 2015 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Je voudrais d'abord féliciter nos deux collègues pour leur très bon travail. Cet intérêt pour les pôles peut sembler un peu pittoresque, mais il n'en est rien pour ceux qui suivent les questions d'économie mondiale, l'évolution du monde et la géopolitique.

Quand j'étais aux affaires européennes, j'ai moi-même siégé au Conseil arctique, en compagnie de l'ancien Premier ministre Michel Rocard, qui est notre ambassadeur pour les pôles. C'était la première fois qu'il y avait une telle représentation au niveau ministériel. Michel Rocard réalise un excellent travail, avec une toute petite équipe. La première suggestion que je vous demanderai d'ajouter à vos propositions, si vous en êtes d'accord, est d'ailleurs de transformer cette fonction d'ambassadeur en représentant spécial de la France sur les pôles. Cela permettrait d'avoir une vision interministérielle de ces sujets, et non pas seulement diplomatique. J'ai eu à exercer ces fonctions de représentant spécial, notamment en Afghanistan, et je sais à quel point c'est utile pour mobiliser les autres ministères. Les pôles ne représentent pas seulement des intérêts diplomatiques, mais aussi écologiques, économiques et stratégiques. On a besoin de regrouper ceux qui connaissent ces sujets en France.

Ce qui a été dit sur le Conseil arctique est absolument exact. Les pays riverains n'ont tout simplement pas envie de partager et de voir arriver d'autres acteurs. Il a été très compliqué pour la France d'obtenir un siège d'observateur et il n'en est pas question pour l'Union européenne. Il faut donc arriver à modifier la convention de Montego Bay pour doter cet océan glacé d'un statut qui le prémunisse contre tous les risques soulignés par Noël Mamère et Hervé Gaymard. Des intérêts mondiaux sont en jeu, en particulier le climat mais aussi la stabilité. Comment y arriver ? Il me semble qu'il faudrait passer par l'ONU et la réécriture d'une convention internationale sur le droit de la mer, en profitant de la neutralité américaine. Mais les Russes et les Canadiens ne nous aideront pas.

En ce qui concerne l'Antarctique, il est important de renforcer le statut de 1959, mais je crois que cela figure dans votre rapport, pour éviter des tentations de dérive qui se manifestent déjà.

Un mot aussi sur le Groenland, que je connais un peu. L'exploitation a déjà commencé. Il faut bien voir que les liens entre le Groenland et le Danemark ne sont pas si simples. La souveraineté danoise n'est pas absolue. Le Danemark offre une porte d'entrée pour l'Union européenne…

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