Intervention de Jean Glavany

Réunion du 20 mai 2015 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Glavany :

Je voudrais d'abord féliciter nos collègues pour la qualité de ce rapport et de leurs interventions. Je pense qu'ils touchent juste. C'est un enjeu majeur pour une démocratie parlementaire de s'interroger sur l'emploi de notre force militaire à l'étranger et de tirer les leçons de l'expérience. Je voudrais insister sur le quatrième critère mentionné qui est la stratégie de sortie pérenne. Il ne s'agit pas seulement de définir une stratégie de sortie pérenne mais aussi d'assurer un suivi politique constant car, vous l'avez dit, seule une solution politique peut régler le problème. L'OPEX ne peut être que le préalable d'une solution politique ; croire autre chose serait une erreur majeure, l'histoire nous le montre. Je me souviens de l'intervention française en Afghanistan qui avait été unanimement soutenue par le Parlement après les attentats du 11 septembre ; on avait fixé des objectifs extrêmement précis, qui ont été atteints en quelques mois. Mais au bout de quelques années, nous nous sommes rendu compte que l'opération n'était plus du tout en mesure de répondre à ces objectifs. On s'est donc posé trop tard la question de la pertinence de la durée de cette intervention. Après leur intervention en Irak, les Américains ont mis en place un gouvernement qui s'est avéré sectaire et n'ont pas assuré le suivi politique qui s'imposait. Nous payons aujourd'hui le prix du désordre qui en résulte. Au Mali, nous savons que c'est par un règlement politique sur la question du nord du pays, ô combien difficile à mettre en place, que la sortie de crise sera possible. C'est la même chose en Centrafrique. D'une manière générale, nous devons avoir en tête que les forces militaires souvent accueillies dans l'enthousiasme et comme « libératrices » au début viennent rapidement à être considérées comme des forces d'occupation. Nous avons presque tous appuyé l'intervention en Libye, mais aucun suivi politique n'a été assuré, et nous portons aujourd'hui une responsabilité majeure dans l'effondrement du pays. Notre expérience – et celle de nos partenaires – nous enseigne que les OPEX ne peuvent avoir de résultat positif que si nous en assurons un suivi permanent, acharné, quotidien, auquel le parlement doit être associé. Nous devons nous y tenir.

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