Intervention de Jean-Paul Bacquet

Réunion du 20 mai 2015 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Bacquet :

Je voudrais bien sûr m'associer aux félicitations qui ont été faites. Vous avez fait un rapport extrêmement didactique. C'est un problème complexe, car nous n'avons pas de solutions toutes faites. Quand vous définissez un programme en cinq points, je trouve que c'est un exploit. Je pense que le problème majeur est de savoir comment l'on se sort de ces engagements extérieurs. Je ne crois pas que les pouvoirs politiques et militaires soient inconscients ; ils ont tous conscience qu'à partir d'un moment, les troupes françaises deviennent des troupes d'occupation. Mais les conditions ne sont jamais réunies pour nous permettre de sortir, il y a toujours de bonnes raisons pour rester. C'est le cas en Centrafrique, où nous sommes potentiellement pour dix ans, alors que le ressentiment à l'égard de nos troupes pourrait conduire une rupture à tout moment. Par ailleurs, je suis moins optimiste que vous sur le Mali ; je vois un engagement français, mais je ne vois aucun engagement européen, si ce n'est que pour récupérer les marchés qui s'ouvrent avec la reconstruction du pays. S'agissant de l'opération Sentinelle, vous avez raison, il s'agit d'une mobilisation massive de soldats français dont ce n'est peut-être pas le rôle et qui n'ont peut-être pas la formation adaptée. Et il me semble que nos antécédents d'utilisation de l'armée comme force de police n'ont pas été très concluants. Enfin, je regrette toujours qu'il n'y ait pas de véritable débat parlementaire lorsque nous lançons des interventions extérieures. Au bout de quatre mois, le Parlement est réuni, les présidents de groupe et le Ministre interviennent, mais ce n'est pas un vrai débat ! Je propose qu'une fiche soit remise à chaque député synthétisant vos cinq critères afin que nous puissions débattre sur cette base chaque fois qu'une opération est décidée. La présidente de la commission devrait faire une proposition en ce sens au président de l'Assemblée. Si le Parlement s'engageait ou refusait de s'engager sur ces cinq points, les choses seraient plus faciles à assumer ensuite. Il me semble que si nous avions fait cela pour la Libye, nous nous serions rendu compte que cette opération ne répondait absolument pas aux cinq critères.

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