Intervention de François Rochebloine

Séance en hémicycle du 11 juin 2015 à 9h30
Maintien des classes bilangues pour l'apprentissage de l'allemand — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Rochebloine :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, les liens singuliers et profonds qui unissent les peuples français et allemand sont, je le crois, l’essence même de l’Europe.

En tout état de cause, ils traduisent une conviction commune, exprimée, cinq années seulement après la capitulation sans conditions de l’Allemagne, par Jean Monnet et Robert Schuman : l’unité des nations européennes exige qu’il soit mis fin à l’antagonisme séculaire entre la France et l’Allemagne.

Ils disent également l’ardente volonté de la France et de l’Allemagne de faire de leur histoire commune une oeuvre de paix, une paix construite sur les cendres de la Seconde guerre mondiale. La guerre ayant laissé nos nations orphelines de leur jeunesse, il apparaissait vital que la paix soit scellée en son nom, qu’elle devienne son héritage le plus précieux.

Le 22 janvier 1963, lors de la signature du traité de l’Elysée qui plaçait l’éducation et la jeunesse au coeur de nos relations avec l’Allemagne, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer se sont fait la promesse d’une jeunesse unie par la fraternité.

Aux termes de ce traité, la force de cette fraternité résidait notamment dans la connaissance, dans chacun des deux pays, de la langue de l’autre, comme l’a encore rappelé très récemment la chancelière allemande. L’intuition des dirigeants français et allemands était juste. N’est-il pas vrai qu’à travers la langue se révèle l’âme du peuple devenu frère, avec lequel tout devient possible : renouer des liens, les entretenir et ainsi construire la paix, une paix durable ?

Le traité de l’Elysée a ainsi constitué le point de départ d’une politique volontariste d’apprentissage de l’allemand dans nos écoles et du français dans les écoles allemandes ; une politique, madame la ministre, dont la constance n’a fait que se renforcer depuis cinquante-deux ans et qui a créé les conditions d’une compréhension mutuelle.

Sous l’égide de l’Office franco-allemand pour la jeunesse – OFAJ –, 8,2 millions de jeunes Français et Allemands ont ainsi participé à 300 000 programmes d’échanges favorisant l’apprentissage des langues et permettant de renforcer nos liens culturels avec l’Allemagne.

Dans la même perspective, la création de l’AbiBac, qui permet la délivrance simultanée du baccalauréat français et de l’Abitur, la création des sections européennes et des classes bilangues, ont constitué autant de démonstrations manifestes de cette volonté partagée de favoriser l’apprentissage de la langue du partenaire.

Les classes bilangues, dont notre assemblée est amenée à débattre aujourd’hui, ont joué un rôle déterminant pour stabiliser le nombre d’élèves apprenant l’allemand en France, alors même que cet enseignement connaissait un net recul durant les années précédant leur création. Elles ont même permis de faire passer le pourcentage de collégiens apprenant l’allemand de 5,5 % en 2004 à 16 % en 2015, madame la ministre.

Ainsi que vous l’a fait remarquer l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ce sont les classes bilangues qui ont permis à l’allemand de demeurer la troisième langue vivante enseignée en France.

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