Intervention de Benoît Hamon

Réunion du 1er juillet 2015 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBenoît Hamon :

En vous entendant, j'ai eu le sentiment que l'on n'ose pas dire la réalité, à savoir que l'on prend acte et que, au-delà de protestations formelles, rien ne changera. Au regard des pratiques en cause – les écoutes de trois présidents de la République successifs, et le cas échéant, des positions françaises dans le cadre de négociation importantes – qui sont le fait d'un allié, notre réplique et nos protestations sont très timides. De ces écoutes, que savions-nous ? Quel est le degré d'implication technologique de nos partenaires européens ? Quelles « grandes oreilles » ont été installées à cette fin en Allemagne ou ailleurs ?

D'autre part, alors que nous sommes engagés dans la négociation de l'accord commercial transatlantique (TAFTA), je suis frappé par la faiblesse de la réflexion stratégique sur l'effet qu'aura cet accord sur la construction européenne. Les pères fondateurs avaient voulu faciliter l'interdépendance économique des États d'Europe pour créer des solidarités et favoriser l'intégration. Constituer un immense marché américano-européen fondé sur le libre-échange aura pour conséquence de réduire cette interdépendance et de ce fait la solidarité, au détriment de l'intégration européenne. C'était le projet historique des libéraux et des Anglo-Saxons de préférer le grand marché transatlantique à une Europe intégrée ; mais il est vrai qu'aujourd'hui, pour 0,5 % de PIB, on est prêt à tout faire… Cette question devra tôt ou tard être abordée. Je suis conscient qu'elle n'entre pas exactement dans le champ de l'audition, mais vous entendre parler de la coopération entre l'Union européenne et les États-Unis m'a incité à cette digression.

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