Intervention de Thierry Mariani

Réunion du 1er juillet 2015 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Mariani :

Je vous félicite, madame la présidente, d'avoir invité l'ambassadrice des États-Unis à venir devant notre commission. Dans cette affaire, les pouvoirs publics français sont d'une faiblesse et d'une lâcheté sans limites. Je rappelle qu'en 1995, Charles Pasqua étant ministre de l'intérieur, la France a expulsé cinq agents américains dont quatre diplomates. Un de ces agents essayait de « retourner » un fonctionnaire en poste auprès du Premier ministre et chargé des négociations du GATT ; un autre était occupé à la même besogne auprès d'un membre – également chargé des négociations du GATT – du cabinet du ministre Alain Carignon ; un troisième cherchait à circonvenir quelqu'un à France Telecom. Aujourd'hui, nous sommes en train de négocier le TAFTA, les services secrets américains font leur travail, et on se limite à une réunion suivie d'un communiqué disant que les Américains ne sont pas gentils, ce qui doit les impressionner fortement. Dans la même situation, la présidente du Brésil a eu une réaction autrement plus catégorique que celle de la présidence française, qui est en-dessous de tout.

En réalité, la coopération entre la France et les États-Unis se passe bien à chaque fois que nous avons des intérêts communs, ou lorsque les soldats français font le service que les militaires américains ne peuvent faire ; alors, oui, nous travaillons très bien ensemble, et c'est très bien pour tout le monde. Mais il se trouve que nous avons aussi des intérêts concurrents, et je trouve très inquiétants non seulement cet espionnage mais l'imperium juridique américain, ces règles fixées par un seul partenaire pour servir ses intérêts économiques propres. J'aimerais, comme mes collègues, connaître l'implication des services des autres pays européens, dont l'Allemagne, dans cette affaire, et savoir si l'on entend au moins que cet épisode ait des répercussions dans la négociation du TAFTA.

Je constate enfin que nous suivons la politique étrangère des États-Unis pour ce qui se passe à l'Est de l'Europe en appliquant les sanctions qu'ils ont souhaitées. Cela a eu pour effet l'an dernier la diminution des échanges commerciaux entre la Russie et l'Union européenne et l'accroissement concomitant des échanges commerciaux entre la Russie et les États-Unis. Et quand la France refuse de livrer les porte-hélicoptères commandés par la Russie, le groupe américain Bell produit des hélicoptères sur place ! Quand commencerons-nous de penser à nous-mêmes ?

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