Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 23 juillet 2015 à 15h00
Droit des étrangers — Après l'article 30

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur :

Quelle est la tradition républicaine en France, celle que l’on va puiser au creuset de notre histoire, celle qui prend pour référence les intellectuels et les philosophes qui ont contribué à mettre la République en mouvement ou, du moins, à la fonder intellectuellement et politiquement ? La République postule que l’adhésion à la nation et aux valeurs de la République se fait par le contrat. C’est donc par un processus d’adhésion aux valeurs fondant notre pays que le processus d’assimilation ou de reconnaissance républicaine s’effectue.

C’est d’ailleurs parce que nous considérons que dans la République, le creuset des valeurs communes auxquelles nous adhérons, par-delà ce qui nous différencie, est plus fort que tout que nous pouvons, dans la République une et indivisible, vivre ensemble, par-delà les origines, les histoires personnelles, les cultures et les appartenances religieuses qui nous ont conduits ou guidés dans nos parcours personnels.

La laïcité est, de ce point de vue, une valeur qui répond à cette ambition puisqu’elle pose comme principe que, par-delà l’appartenance religieuse de chacun et la possibilité de croire ou de ne pas croire, la République garantit la possibilité à chacun de trouver son chemin par le libre exercice de sa conscience. C’est dans cette foi dans la capacité de l’État à se tenir à distance de la religion que réside cette possibilité de liberté.

Ces valeurs fondent le contrat républicain français ; ce sont ces valeurs qui ont donné de la force à la République dans l’histoire ; ce sont ces valeurs qui conduisent le général de Gaulle, après la période funeste de l’Occupation, à l’occasion du discours de Bayeux présentant la forme qu’il souhaite donner aux institutions et plus tard, lorsqu’il devient Président de la République sous la Ve République, à affirmer qu’il n’a jamais inventé de nouveaux fondements à la République, mais qu’il a simplement voulu rendre à la République les fondements qu’elle avait perdus. C’est cela, la tradition républicaine française ! Elle n’est pas à réinventer : elle existe ! Elle n’est pas un facteur de division : elle est un facteur de rassemblement de tous les Français dans l’idéal républicain, dans l’histoire républicaine !

Si je prends un peu de temps pour répondre à votre propos, c’est parce que la démarche qui est la vôtre – et cela me gêne fondamentalement compte tenu des convictions qui sont les miennes – consiste à préempter cet héritage qui est inclusif de tous les Français et de tous ceux qui ont décidé de rejoindre la République française, pour en faire un élément de division entre la droite et la gauche. D’une belle idée inclusive, vous faites, à la faveur d’un débat, un élément de division politicienne. Cela, ce n’est pas une élévation de la politique, monsieur Larrivé : c’est un abaissement !

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