Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 4 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Vous avez à juste titre, monsieur le directeur général, rappelé l'explosion des statistiques migratoires en 2015 par rapport à 2014 ; le ministère de l'intérieur dispose-t-il de simulations pour 2016 ? Si rien n'est fait pour modifier le signal que nous envoyons aux populations concernées, il faut en effet craindre que cette explosion ne se poursuive l'an prochain. Or, pour modifier ce signal, il faut convaincre Mme Merkel : qu'allez-vous faire à ces fins ? En effet, tant que l'Allemagne se déclarera ouverte, les flux demeureront considérables. C'est un sujet politique de fond : l'Europe est-elle ouverte ou non ? De ce point de vue, qu'entendez-vous faire pour fermer les frontières de l'Union ? Sommet après sommet, les frontières demeurent ouvertes. Je me félicite du remplacement de l'opération Mare Nostrum par l'opération Triton, mais les migrants – principalement originaires d'Afrique de l'ouest – continuent d'arriver à Vintimille par le sud de l'Italie. Surtout, la frontière gréco-turque demeure ouverte ! Aucun déploiement naval européen n'a été prévu pour protéger les îles grecques et rien n'est prévu sur la frontière terrestre à Edirne. Le Gouvernement français va-t-il oui ou non préconiser la fermeture des frontières extérieures de l'Union ? S'il ne le fait pas, le système de Schengen est voué à imploser car, les uns après les autres, les pays européens ferment déjà leurs frontières.

Ensuite, M. Cazeneuve a annoncé ici même que la France accueillerait 30 000 réfugiés politiques au titre du droit d'asile dans les deux prochaines années. Quelle aimable plaisanterie ! Ce nombre correspond aux entrées de migrants – économiques ou non – dans l'Union en trois jours ! Sachez qu'il fait sourire nos collègues allemands… Pensez-vous en effet que l'Allemagne gardera un million de réfugiés sur son sol, sachant qu'elle a déjà déterminé que 40 % d'entre eux étaient des migrants économiques et qu'elle les expulserait ? S'ils ne sont pas reconduits dans leur pays d'origine, qu'adviendra-t-il d'eux ? Avez-vous anticipé leur arrivée éventuelle en France ? En somme, je vous remercie pour votre exposé fort intelligent, même s'il n'a abordé aucune des questions essentielles que je viens de poser !

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