Intervention de Thierry Mariani

Réunion du 4 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Mariani :

Au cours des deux années que j'ai passées à la présidence de la commission des migrations du Conseil de l'Europe – mon mandat s'achevant dans deux semaines –, j'ai constaté une faillite générale de l'Europe. Chacun se souvient que, pour nos concitoyens, le mot-clé de la dernière campagne européenne était « protection ». Or, l'Europe a définitivement montré qu'elle n'était pas capable de se protéger. Le premier devoir exigé d'un État ou d'une entité interétatique est pourtant de protéger ses frontières. Dans votre propos, monsieur le directeur général, vous avez apporté aux migrations le même traitement social que l'on peut faire du chômage en nous indiquant comment soigner les symptômes sans jamais endiguer le flux à sa source. Manifestement, l'Europe a renoncé pour de bon à défendre ses frontières. Pas une seule des mesures que vous avez présentées ne permettra d'interrompre le flux migratoire. Vous nous avez certes indiqué comment les demandes seront traitées, mais que fera-t-on demain ?

Permettez-moi une deuxième remarque sur l'aveuglement de l'Europe. Les statistiques que vous citez deviendront très rapidement obsolètes. Vous nous dites que 276 000 personnes sont entrées dans l'Union européenne en 2014, puis 700 000 autres depuis le début de l'année 2015, et 200 000 supplémentaires au seul mois d'octobre. Tout le monde s'attend à ce que ce nombre atteigne 1,5 million l'année prochaine. Autrement dit, l'accord européen de relocalisation de 160 000 personnes en deux ans permet à peine de traiter le flux des vingt premiers jours d'octobre ! Souvenez-vous de ce gouvernement – de droite – qui prétendait que le nuage de Tchernobyl s'était arrêté aux frontières de la France. Qui croira même un instant que cette situation ne concernera pas la France ? Qui croira même un instant que les réfugiés déboutés en Allemagne ne se tourneront pas vers la France ? Vous nous avez vous-même indiqué que cinq cents interpellations sont effectuées chaque semaine à Vintimille, et chacun peut constater la persistance des campements à Paris.

Plutôt qu'un traitement social de l'immigration, nos concitoyens attendent des mesures permettant d'interrompre le flux. Or, aucune des mesures – sur le plan national comme européen – que vous nous avez présentées ne vous empêchera de revenir nous voir l'an prochain pour nous annoncer l'entrée en Europe d'un million et demi de personnes ! D'autre part, s'il est en effet souhaitable d'enregistrer plus rapidement les demandes d'asile, que fait-on pour reconduire aux frontières toutes les personnes – extrêmement nombreuses – qui ne méritent pas l'asile politique ? En clair, rien n'est fait pour contrôler nos frontières et pas davantage pour reconduire les faux réfugiés dans leur pays : nous nous acheminons vers une catastrophe qui coûtera très cher à la France et à sa classe politique !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion