Intervention de Alain Bocquet

Séance en hémicycle du 13 janvier 2016 à 21h30
Débat sur la sidérurgie et la métallurgie françaises et européennes — Débat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bocquet :

Merci, monsieur le ministre, pour votre propos, dont je partage la philosophie. La commission d’enquête, présidée par M. Jean Grellier, a formulé vingt-six propositions qui pourront vous aider à construire le chemin que vous évoquez. En effet, la question de l’utilité de la sidérurgie pour la France et l’Europe se pose. Est-ce un outil de souveraineté économique ? Pour nous, la réponse est affirmative, même si notre production représente 1 % de la production mondiale. On pourrait penser qu’après tout, il y a bien d’autres produits que l’on achète ailleurs et que l’on ne produit pas chez nous, mais ce n’est pas vrai pour la sidérurgie : la sidérurgie est un élément structurant de notre indépendance, c’est la souveraineté, c’est la vie.

Certes, il ne s’agit pas de pleurer sur le passé. Le passé est un oeuf cassé, l’avenir est un oeuf qui couve. Il y a trente-cinq ans, quand on a commencé à s’attaquer à Longwy ou Denain, la Chine produisait 60 millions de tonnes, l’Allemagne 40 millions, la France une trentaine, comme l’Italie. Aujourd’hui, nous sommes à 15 millions contre 800 millions pour la Chine. On pourrait baisser les bras, mais ce serait une mauvaise idée, car nous avons des outils performants, un savoir-faire, des outils de recherche comme à Maizières-lès-Metz, où d’importants fonds publics ont été investis dans la recherche et le développement, du temps de la nationalisation.

Selon moi, nous sommes à mi-chemin. Certes, nous sommes défensifs, ce qui est normal face aux événements, mais n’aurions-nous pas intérêt à construire idéologiquement, sur le principe, sans nous immiscer dans les affaires des groupes, mais tout de même en partenariat avec eux, un vrai cap, un vrai objectif, une vraie filière, pour savoir où l’on veut aller, et pour la France et pour l’Europe. Il est d’ailleurs regrettable, au passage, que le plan acier qui avait été engagé au niveau européen soit aujourd’hui mis sous le boisseau. Peut-être serait-il temps de le ressusciter. C’est une première question.

La deuxième, vous l’avez évoquée, a été abordée dans le débat précédent : il devient urgent d’aborder avec fermeté la question des tarifs douaniers face à l’invasion chinoise des produits évoqués.

Enfin, il faudrait demander des contreparties aux groupes qui bénéficient du CICE ou du crédit d’impôt recherche, y compris en lien avec la formation des cadres de demain. Vous l’avez dit, nous devrons peut-être mener des expériences. Après tout, il y a tant de jeunes au chômage que l’on peut faire de l’apprentissage, mais quand on visite l’usine de Dunkerque, on nous explique, comme cela a été dit à la commission d’enquête, que la salle de commande informatique est du même niveau que celle du lancement des fusées à Cap Canaveral, tout juste un peu plus poussiéreuse. Il y a vraiment quelque chose à bâtir avec l’éducation nationale, les universités, pour améliorer la formation.

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