Intervention de Emmanuel Macron

Séance en hémicycle du 13 janvier 2016 à 21h30
Débat sur la sidérurgie et la métallurgie françaises et européennes — Débat

Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique :

Vous avez raison de le rappeler. Votre question, qui rejoint d’ailleurs celles de M. Liebgott et de M. Chassaigne, porte sur la capacité à maintenir la compétitivité de nos sites productifs, compte tenu des contraintes que nous nous sommes imposées – qui sont légitimes et cohérentes avec notre stratégie d’ensemble en matière d’émission de CO2 – et d’une fixation du prix carbone qui conduit les groupes à décider de certains réinvestissements pour améliorer leurs pratiques de production et se conformer à nos directives.

En ce qui concerne le prix de l’énergie, nous avons maintenu la compétitivité du site français par rapport aux autres sites européens. C’est déjà un effort considérable. Force est de constater que nous n’avons pas réussi à maintenir celle de nos sites productifs par comparaison avec les sites russes, chinois ou indiens, qui n’ont pas les mêmes standards que nous.

Il est évident que nous ne pouvons ni baisser nos propres standards, ni financer en totalité sur crédits publics les investissements qui nous rendraient compétitifs. Néanmoins, nous avons accompagné, et nous continuons de le faire, les groupes dans leur stratégie de réduction des émissions de CO2.

Les appels d’offres de l’ADEME, que j’ai rappelés, et ceux du Plan d’investissements d’avenir, dans le contexte de la Nouvelle France industrielle, ont permis d’aider ces groupes dans leur politique d’investissement. Cette aide reste cependant marginale, ou du moins minoritaire par rapport à l’investissement total, particulièrement aux coûts récurrents de production.

La seule possibilité est de rendre les standards internationaux plus drastiques. C’est pourquoi les échanges internationaux que nous devons avoir dans le cadre du G7, du G20 et de l’OCDE sont stratégiques, puisque c’est dans ces enceintes que nous pouvons fixer ces standards.

Je l’ai dit tout à l’heure à M. Carvalho : il en est de ces normes comme des pratiques fiscales. De même que certains pays pratiquent des politiques d’optimisation, certains États, qui subissent moins de pression de la part de leur opinion publique et possèdent moins de conscience civique sur ces sujets, considèrent qu’ils peuvent produire avec moins de contraintes.

La seule façon de réagir est de mener un dialogue dynamique sur le plan de la concurrence internationale, en montrant que le marché est faussé si les conditions de production, qui sont déterminantes, diffèrent profondément d’un pays à l’autre. C’est un débat que nous devons conduire au G20 et à l’OCDE.

Par ailleurs, il faut exercer une pression pour que les pays qui veulent s’inscrire dans le cadre de l’OCDE, ce qui est le souhait réaffirmé de l’ensemble des économies, respectent les règles sur ces deux volets.

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