Intervention de Hélène Geoffroy

Séance en hémicycle du 8 février 2016 à 21h30
Protection de la nation — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHélène Geoffroy :

Le Premier ministre, dans les jours qui ont suivi les attentats de janvier 2015, a tenu les propos suivants : « nous devons être capables, collectivement, de garder les yeux rivés sur l’intérêt général et de nous montrer à la hauteur ». Après « le temps de l’émotion et du recueillement […] vient le temps de la lucidité et de l’action ».

Notre pays doit donc construire une réponse efficace au terrorisme. La Nation a été frappée au coeur. La liberté d’expression, la confession religieuse, les forces de l’ordre, notre jeunesse ont été les cibles de ces attentats odieux. La première réponse doit être celle de la sécurité. C’est pourquoi je suis favorable à l’article 1er de la révision constitutionnelle.

En revanche, si je comprends que l’on prononce une peine de déchéance de nationalité à l’encontre de ceux qui, nés étrangers et éduqués dans un autre pays, portent les armes contre la France, je me demande comment nous pouvons fuir nos responsabilités lorsque nous avons nous-mêmes enfanté les monstres.

Je suis députée-maire de Vaulx-en-Velin. Ma ville est le carrefour de toutes les histoires. Elle est porteuse de France. Depuis le début du débat sur la déchéance de nationalité, j’assiste à une série de coming out, de révélations d’histoires personnelles – preuve s’il en est que nous touchons à un véritable symbole. Je pense à cette personne dont le père est arrivé apatride d’Arménie et qui est totalement français, ou encore à celle-ci, devenue binationale espagnole, comme un pied de nez à Franco qui avait rendu apatrides ses parents.

Ainsi, j’ai cosigné l’amendement présenté par Olivier Faure sur la déchéance nationale. Sans reprendre ses arguments, brillamment exposés, je pense que notre débat de fond doit être aussi celui de l’appartenance à la Nation.

Moi aussi, je viens d’un bout de l’histoire de France – les Antilles. Dans cet hémicycle, il y a soixante-dix ans, le 12 mars 1946, Aimé Césaire, présentant la demande d’intégration des Antilles comme département français, déclarait que, à l’heure « où, ça et là, des doutes sont émis sur la solidité de ce qu’il est convenu d’appeler l’Empire », cette demande constituait « un hommage rendu à la France et à son génie ».

Monsieur le garde des sceaux, à l’instar d’Aimé Césaire, je réclame pour les enfants de nos quartiers populaires une assimilation souple, intelligente et réaliste. J’ose le mot : nous devons inventer cette assimilation en nous appuyant sur la justice sociale et sur la promesse républicaine.

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