Intervention de Benoît Hamon

Séance en hémicycle du 8 février 2016 à 21h30
Protection de la nation — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBenoît Hamon :

Le Premier ministre a déclaré : « Expliquer, c’est déjà un peu excuser ». En effet, la déchéance de nationalité a ceci de pratique qu’elle évite à la France et à ceux qui la dirigent un examen de conscience.

J’y vois une forme d’auto-amnistie. Pour justifier la déchéance de nationalité, la France clame que ces hommes sont des salauds et qu’ils ne sont pas Français. Je considère que cette manière de nous absoudre de nos responsabilités collectives est dangereuse.

Nous adoptons ainsi une attitude semblable à l’attitude de ceux qui, parmi les musulmans, disent de ces terroristes se revendiquant de l’islam que leurs actes n’ont rien à voir avec l’islam. Eux aussi refusent de voir ce qui, dans l’idéologie de courants comme le wahhabisme, précipite des jeunes du fondamentalisme vers l’extrémisme et le terrorisme.

Je crois donc qu’il est indispensable de lutter contre ce double déni et, pour ce qui me concerne, de refuser l’inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution.

Il y a, enfin, dans cette disposition, quelque chose de profondément pessimiste. En effet, ce n’est pas par réalisme ou pragmatisme que cette mesure, historiquement défendue par l’extrême droite, a été retenue, car vous l’avez vous-même jugé inefficace. Non, cette proposition est la marque d’une vision sombre de la France et de son avenir. Pourtant, nous ne réussirons pas l’unité nationale sans espérance. Cette espérance manque dans votre discours qui, à mes yeux, confond l’intérêt de la Nation, l’intérêt du peuple français, et les instincts de la foule.

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