Intervention de Najat Vallaud-Belkacem

Séance en hémicycle du 17 février 2016 à 15h00
Débat de contrôle sur la politique nationale en matière d'enseignement supérieur

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche :

D’autant que, si l’on peut concevoir qu’en partageant un gâteau entre 10 000 personnes au lieu de vingt, on diminue nécessairement la taille de chaque part, je ne vois pas en quoi une telle logique peut s’appliquer au savoir. Avons-nous épuisé nos réserves de connaissances ? Connaissons-nous une pénurie de savoirs ?

Non, justement parce que le savoir est un bien public : tout le monde peut en profiter. Et le fait que l’on en profite n’engendre aucun effet sur la quantité disponible pour les autres, bien au contraire, celle-ci augmente. C’est ce qui fait la richesse de nos bibliothèques, de nos universités et de nos écoles.

Cessons donc d’opposer systématiquement démocratisation et exigence ! Cessons de considérer que la rareté est la condition d’un haut niveau de qualité ! Cessons de chercher, aux problèmes contemporains, des solutions d’un autre temps !

Car j’entends, contre la démocratisation, des voix s’élever, et réclamer la sélection – cela s’est encore produit à l’instant –, comme s’il s’agissait d’un remède miracle.

Sur cette question de la sélection et pour le cycle master, puisque le sujet est d’actualité, revenons à ce qu’a dit le Conseil d’État il y a quelques jours. Celui-ci a été très clair : il a précisé la portée de l’article L. 612-6 du code de l’éducation et a rappelé « qu’en vertu de cet article, l’admission à une formation relevant du deuxième cycle ne peut faire l’objet d’une sélection […] que si cette formation figure sur une liste limitative établie par décret ».

Ce faisant, il a rappelé la lettre de la loi, qui vaut aussi pour le premier cycle. Vous pouvez compter sur moi pour m’assurer que ladite liste sera très limitative. Je le précise en particulier pour répondre à Patrick Hetzel.

Cette liste sera très limitative car la sélection, profondément rétrograde, s’oppose non seulement à la démocratisation et au nécessaire renouvellement de nos élites, mais aussi, frontalement, à ce qui fait la force de l’enseignement supérieur.

Elle s’oppose à une idée qui anime chaque enseignant, à l’école, au collège, au lycée ou dans l’enseignement supérieur. Elle s’oppose à ce qui fonde l’instruction, l’éducation et l’émancipation. Elle s’oppose au progrès.

Tout d’abord, parce que la sélection n’est pas une idée neuve. C’est au contraire une réalité passée, contre laquelle la République s’est toujours battue, car la sélection ne résout rien. Elle masque. Elle abandonne. Elle laisse des millions de jeunes hors de l’enseignement supérieur.

Et à ces jeunes, elle ne propose rien : elle se contente de les exclure, en espérant qu’ils se tiendront tranquilles, et qu’ils accepteront leur sort. Je ne pense pas que l’époque où régnaient l’inégalité et la reproduction sociale soit un modèle viable face aux défis actuels.

Mais, plus fondamentalement encore, la sélection repose sur ce qui est et non sur ce qui pourrait être. Elle ne voit pas de potentiel. Elle ne voit pas de progression possible pour les jeunes en question. Elle fige, au lieu de favoriser une évolution. En donnant à ceux qui ont déjà, elle n’ouvre aucune perspective et ne laisse aucune chance de progresser.

Bien sûr, je n’ignore pas les difficultés rencontrées par l’enseignement supérieur, mais je ne crois pas que nous les surmonterons en revenant à d’anciennes lubies, et les vieilles lunes ne m’intéressent pas : ce sont les solutions pérennes et durables dont la politique doit aujourd’hui s’emparer. Ce sont celles-ci que nous inventons, en nous appuyant sur les ressources qui ont toujours été celles du savoir, de la pensée et de la réflexion.

Il n’y a pas de fatalité : une démocratisation qui concilie une nécessaire ouverture et un haut degré d’exigence est possible. Car ce qui a si souvent empêché d’accorder démocratisation et exigence, ce n’est pas une opposition de nature entre ces deux termes, c’est simplement la méconnaissance des évolutions qu’un tel mouvement entraîne, et qui exigent en effet, de notre part, une politique cohérente.

Le nombre d’étudiants s’élève aujourd’hui à 2,4 millions, soit huit fois plus qu’il y a cinquante ans. Cette augmentation se poursuit d’année en année : il y a en moyenne 30 000 étudiants supplémentaires par an dans l’enseignement supérieur français. Depuis 2013 – il faut s’en réjouir – l’enseignement supérieur public a retrouvé une réelle attractivité, avec plus de 2 % de croissance annuelle, alors que l’enseignement supérieur privé, lui, stagne.

Démocratiser, cela suppose d’aider les étudiants – vous l’avez dit, cher Emeric Bréhier –, de les aider tels qu’ils sont, et d’agir contre les inégalités sociales et économiques. Tel est l’objet du travail que nous avons entrepris sur l’orientation et la meilleure information des collégiens et des lycéens sur l’après-bac.

Aider les étudiants, c’est faire en sorte que le nombre d’étudiants boursiers progresse. De fait, c’est le cas : en trois ans, il s’est accru de 5,4 %, et nous connaissons, cette année, vous l’avez rappelé, un taux de boursiers qui atteint 35 % de l’ensemble des étudiants, ce qui constitue un chiffre inédit. À côté de ces bourses étudiantes, nous avons engagé un ambitieux programme de construction de logements étudiants : au 31 décembre 2015, ce sont 21 000 places supplémentaires qui ont été créées. De fait, offrir à nos étudiants des conditions de vie décentes, c’est tout simplement favoriser leur réussite.

Cette réussite doit, qui plus est, se nourrir d’ambition. C’est la raison pour laquelle nous voulons élargir, en particulier, l’horizon des élèves des milieux les plus modestes, en mettant en place une série de dispositifs que vous avez, les uns et les autres, rappelés. Vous avez parlé des « 10 % meilleurs bacheliers », programme qui permet désormais aux élèves ayant obtenu les meilleurs résultats, dans chaque lycée de France, quel que soit le territoire où il est installé, de pouvoir prétendre au meilleur, aux filières sélectives, dans lesquelles nous leur réservons des places.

Nous pourrions parler aussi des parcours d’excellence, que nous venons de créer, pour faire en sorte que, dès la rentrée prochaine, des élèves des classes de troisième en éducation prioritaire puissent être suivis de la troisième à la terminale au moyen d’un tutorat personnalisé, pour les accompagner jusqu’au terme de leur projet, de leurs réalisations et de leurs ambitions.

Nous pourrions enfin évoquer un autre dispositif que nous avons souhaité mettre en place : l’accès prioritaire des bacheliers professionnels aux STS, et des bacheliers technologiques aux IUT.

Bref, nous oeuvrons pour que chaque élève puisse trouver une voie adaptée à son parcours, à ses objectifs et à ses capacités. Nous dessinons ainsi de nouveaux chemins vers la réussite. Nous veillons, ce faisant, à renouveler et à élargir nos élites, car cela aussi, c’est un projet politique. Voilà ce qu’est, à mes yeux, une démocratisation exigeante. Elle produit bien des effets bénéfiques, à commencer par ce simple constat : les diplômés du supérieur ont cinq fois moins de risques d’être au chômage. Dès lors, comment pourrions-nous souhaiter autre chose pour nos jeunes que d’être diplômé du supérieur ?

Cette démocratisation, je le disais, est essentielle pour l’avenir économique de notre pays. Le Forum sur l’avenir de l’emploi, qui s’est tenu à l’OCDE en janvier dernier, nous l’a rappelé : il n’y a pas que les technologies qui évoluent, c’est aussi le cas de l’emploi. Entre 1995 et 2010, en France, les emplois moyennement qualifiés ont baissé de 20 %, tandis que les emplois hautement qualifiés augmentaient de 20 % et que les emplois faiblement qualifiés s’accroissaient de 8 %. Ce phénomène connaît une accélération. Plutôt que de ne voir que les 20 % de baisse, je crois qu’il faut regarder les 20 % de hausse que connaissent les emplois hautement qualifiés, car c’est à ceux-ci que l’enseignement supérieur prépare.

De fait, nous avons fait en sorte de préparer le mieux possible nos étudiants à ces emplois hautement qualifiés, et cela passe notamment, vous l’avez dit, par l’approfondissement et le renforcement de la relation entre l’enseignement supérieur et le monde de l’entreprise. La question de l’alternance dans l’enseignement supérieur a été évoquée par l’un d’entre vous : je réaffirme ici que notre ambition est grande en la matière. Le nombre d’alternants, au sein de notre enseignement supérieur, s’élève actuellement à près de 135 000, soit 25 % de plus qu’il y a dix ans. Notre ambition, j’y insiste, est grande, puisque nous souhaitons porter leur nombre à 150 000 en 2020 et à 200 000 en 2025. Par ailleurs, je rappelle que la loi sur l’enseignement supérieur et la recherche de 2013 a fait de l’alternance, enfin – c’est inédit – une voie de formation à part entière dans l’enseignement supérieur.

Faire en sorte de renforcer cette relation entre l’enseignement supérieur et le monde de l’entreprise, cela passe aussi par des diplômes plus lisibles, plus transparents sur les débouchés, adaptés aux exigences et aux évolutions du monde socio-économique. Vous avez eu l’amabilité de le rappeler, cher Gérard Charasse, c’est ce que nous avons voulu faire avec cette simplification des diplômes introduite par la loi Fioraso.

Renforcer et rapprocher le monde de l’entreprise et l’université, c’est ce que nous faisons avec les campus des métiers et qualifications, qui sont aujourd’hui plus d’une trentaine. Ils regroupent, dans un même pôle, lycées professionnels, centres d’apprentissage, établissements d’enseignement supérieur et laboratoires de recherche, au service d’un secteur professionnel donné, qui fait la vitalité d’un territoire. Ils créent une synergie au service de politiques territoriales de développement économique et social. Ces campus des métiers et qualifications, qui permettent à chacun de trouver sa place et d’être tiré vers le haut, seront encore amenés à se développer.

Rapprocher le monde du travail et l’enseignement supérieur, c’est également l’objectif du statut d’étudiant-entrepreneur que nous avons créé, cher Laurent Degallaix. Il faut avoir conscience que, depuis la rentrée 2014, 654 dossiers de projets d’entreprise ont été déposés par des étudiants auprès des pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat, les PEPITE.

Enfin, ayez à l’esprit que 20 millions d’euros ont été investis, en 2015, dans un plan d’investissement d’avenir dédié à la culture entrepreneuriale chez les jeunes.

Mais nous allons encore plus loin, car nous faisons face à une transformation profonde de notre société. Nous devons construire ensemble, comme l’a dit l’un de vous, une société « apprenante », selon les termes de Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie. Une société apprenante est toujours en apprentissage, en formation, en remise en question de ses savoirs et de ses connaissances. Il n’y a plus, d’un côté, le temps des études et, de l’autre, celui du métier : les deux temps sont liés. La formation doit pouvoir se déployer véritablement tout au long de la vie. Une société apprenante est une société en action, dont les centres de savoir, comme les universités, sont ancrés au coeur des cités, avec des portes toujours ouvertes, qui permettent à tout un chacun, quel que soit son âge, de venir se former ou se reformer. Voilà pourquoi nous voulons résolument développer le rôle de l’université dans la formation continue, et nous lui en donnons les moyens.

Avec cette dynamique que je viens de vous décrire, il ne s’agit pas de préférer la professionnalisation au « savoir pour le savoir ». Je fais ici référence à une inquiétude exprimée par Isabelle Attard. Il existe, en réalité, une véritable complémentarité entre ces deux domaines : l’enseignement supérieur forme tout autant un professionnel qu’un citoyen responsable. Si nos étudiants doivent acquérir les compétences nécessaires à leur insertion professionnelle, il est tout aussi essentiel, en effet, que nos établissements d’enseignement supérieur demeurent ce qu’ils ont toujours été : des lieux de savoir, de culture, de recherche. Un diplôme du supérieur, d’ailleurs, ne garantit pas seulement un savoir-faire : il témoigne aussi d’un savoir-être. Or, nous avons grand besoin, aujourd’hui, des réponses que la littérature, les arts, la sociologie, l’histoire ou les langues peuvent nous apporter. Pour faire avancer notre pays, nous avons besoin de femmes et d’hommes qui sauront opposer aux discours mensongers, des arguments forgés par la connaissance et le savoir, qui ne penseront pas que la lecture d’un livre écrit au XVIIIe siècle ne sert à rien, qui savent qu’entre ce qui est immédiatement utile et ce qui enrichit sur le long terme, il n’y pas à choisir : il faut évidemment mobiliser les deux.

Nous avons besoin de tout cela, car le monde dans lequel nous sommes a lui aussi changé. Un engagement fort a été pris par la France et par les autres pays lors de la COP21. Mais cet accord ne se résume pas à des ajustements techniques. Un mouvement d’ampleur doit l’accompagner, le porter, qui adviendra grâce à l’enseignement supérieur et à la recherche. Oui, nous devons repenser notre rapport au monde. Nous devons repenser notre développement, en y ajoutant un adjectif – « durable » –, anodin en apparence, mais qui constitue une véritable révolution. Le progrès doit sortir de la seule logique quantitative, pour mettre enfin l’accent sur le qualitatif. L’enseignement supérieur n’est pas la garantie du plus, c’est la garantie du mieux. Nous formerons ainsi des personnes qui penseront à ces mots trop souvent sacrifiés au profit des chiffres et des courbes, des mots comme « bien-être », comme « humanité », comme « avenir », des mots qui doivent aussi retrouver toute leur place dans l’enseignement supérieur, pour que la réussite académique soit aussi une réussite et un épanouissement personnel.

En France, trop longtemps, le diplôme a masqué la personne. Dans un curriculum vitae, une année non inscrite dans un cursus était vue comme une année perdue. Quant au bénévolat, c’était, au mieux, du temps perdu, au pire, une aberration. Là où certains perçoivent une forme de naïveté dans le fait de s’engager sans être payé, je vois quant à moi, au contraire, une très belle force à développer. Nous avons décidé de lutter contre la méconnaissance dont souffre l’engagement de notre jeunesse. Favoriser l’engagement étudiant, c’est aussi amener davantage d’étudiants à s’engager. Voilà pourquoi nous voulons que tous les établissements d’enseignement supérieur reconnaissent enfin les compétences acquises dans le cadre d’un engagement. Dans le cadre de la mise en oeuvre du plan national de vie étudiante, l’engagement des étudiants dans la vie associative et les fonctions électives au sein de leur établissement seront valorisés par l’élaboration d’un statut de l’étudiant responsable associatif et de l’élu étudiant.

Mais l’engagement, cela demande aussi du temps. Dans environ 40 % des pays couverts par l’étude « Eurostudent V 2012-2015 », que vous connaissez, il s’avère qu’au moins 10 % des étudiants ont interrompu leurs études pendant au moins un an entre leur entrée dans l’enseignement supérieur et leur diplôme. Or, cette interruption n’est pas une rupture. Elle est souvent une continuation de leur formation et de leur aventure intellectuelle par d’autres moyens. La circulaire que nous avons prise en juillet 2015 permet désormais aux étudiants qui le souhaitent de réaliser une période d’un an de césure, pendant leur parcours, tout en conservant leur statut d’étudiant et la sécurité juridique qui lui est attachée.

Vous le voyez, il faut cesser de penser en termes de choix exclusif – soit l’un, soit l’autre ; c’est d’ailleurs ce à quoi nous invite la StraNES. Contre la division, remettons en évidence la force du « et », qui est capable d’unir : démocratisation et exigence, professionnalisation et savoir pour le savoir, réussite académique et épanouissement personnel. Tournons-nous vers le passé, non par une fascination nostalgique fantasmée, mais pour y trouver de l’inspiration pour l’avenir. Car, si nous défendons une vision exigeante de l’enseignement supérieur, si nous défendons l’innovation contre le recours aux vieilles recettes de la sélection et de l’inégalité, c’est parce que les enjeux auxquels nous faisons face demandent, en somme, de choisir. Entre quoi et quoi ? Voulons-nous apporter des solutions pérennes, qui favorisent la cohésion de notre société, et qui s’appuient sur une mobilisation au service du bien commun ? Ou entendons-nous continuer à accroître les inégalités économiques et sociales et à danser sur un volcan, en espérant qu’il ne se réveille pas trop tôt ?

Notre héritage, celui de la France, ne nous laisse pas le choix. Il nous faut nous montrer à la hauteur de ce que nous ont légué l’humanisme, les Lumières et la République, qui a placé l’éducation au coeur de son projet. C’est cet héritage qui nous conduit à inscrire cet effort dans un ensemble plus vaste que la seule France, un ensemble européen, international. Non seulement parce que la France, troisième destination mondiale des étudiants, accueille 300 000 étudiants étrangers, issus de tous les continents – il y a de quoi en être fier et vouloir leur faciliter la tâche ; non seulement parce que notre stratégie nationale de recherche s’inscrit aussi dans le cadre d’appels d’offres européens, avec le programme Horizon 2020 ; non seulement parce que nous avons conduit une politique de regroupement de nos universités et de nos écoles pour leur donner une plus grande visibilité internationale, mais parce que, tout simplement, l’Europe, avant d’être une union économique et monétaire, a d’abord été, dès la Renaissance, une Europe des universités. Voilà pourquoi nous voulons, à travers cette StraNES, porter un objectif européen, que nous avons chiffré : il s’agit de consacrer 2 % du PIB européen à l’enseignement supérieur.

De fait, l’enseignement supérieur est, à notre époque, un enjeu majeur. C’est le sens de la politique que nous conduisons. C’est aussi ce que nous défendrons au niveau européen. Telle est la conception générale de notre politique. Je laisse maintenant la parole à M. Thierry Mandon, secrétaire d’État à l’enseignement supérieur et à la recherche.

5 commentaires :

Le 18/02/2016 à 10:06, laïc a dit :

Avatar par défaut

"Cette liste sera très limitative car la sélection, profondément rétrograde, s’oppose non seulement à la démocratisation et au nécessaire renouvellement de nos élites, mais aussi, frontalement, à ce qui fait la force de l’enseignement supérieur."

Je crois que Mme Vallaud-Belkacem mélange les problèmes : il ne s'agit pas d'éliminer la sélection, il s'agit de lui redonner un sens et une vraie valeur. Les professeurs d'université éliminent pour éliminer, car il est dans leur culture de fabriquer des "meilleurs" sur le dos des autres. Tandis que Mme Vallaud-Belkacem pense qu'en éliminant la sélection, tout le monde sera meilleur... On est là face à deux idéologies absurdes et autant destructrices l'une que l'autre.

Il ne s'agit pas de se bercer d'illusion comme le fait la ministre, il y aura toujours des faibles et des forts, c'est une des lois immuables de la nature, et le socialisme ne pourra pas revenir dessus, sauf à vouloir se ridiculiser, et à rejeter la science dont il dit être un des soutiens. Par contre, on peut canaliser, exploiter la force que chacun a en soit, chacun à son niveau, même les faibles, pour en tirer le meilleur parti, et pour cela il faut développer les orientations et formations adéquates pour chacun en fonction de ses aptitudes réelles, et non pas fantasmées, comme la ministre le fait.

Ne pas fuir la réalité humaine, c'est aussi ce que les citoyens attendent de leur gouvernement, et c'est aussi cela la démocratie.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 18/02/2016 à 10:18, laïc a dit :

Avatar par défaut

"Il nous faut nous montrer à la hauteur de ce que nous ont légué l’humanisme, les Lumières et la République, qui a placé l’éducation au coeur de son projet."

Puisque Mme Vallaud-Belkacem veut se placer à la hauteur de l'humanisme qui a fait naître la République, elle devrait savoir que l'humanisme s'est construit sur la redécouverte des textes grecs et latins, et que donc, si elle veut être cohérente dans son discours, elle devrait faire la promotion de l'étude du grec et du latin au collège, et même au primaire, car comment être en phase avec l'humanisme si on s'acharne à rejeter ce qui en a permis l'apparition et le développement, à savoir l'étude des textes classiques, du grec et du latin ?

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 19/02/2016 à 22:11, laïc a dit :

Avatar par défaut

"Et à ces jeunes, elle ne propose rien : elle se contente de les exclure, en espérant qu’ils se tiendront tranquilles, et qu’ils accepteront leur sort. Je ne pense pas que l’époque où régnaient l’inégalité et la reproduction sociale soit un modèle viable face aux défis actuels."

C'est tout à fait vrai que les professeurs de fac excluent en toute décontraction, sans se soucier du devenir des étudiants éliminés, mais n'est-ce pas également de la responsabilité du ministère de l'Education nationale de proposer des réorientations suite à l'exclusion ? De faire un bilan social suite à la sortie de la fac sans diplôme, et de proposer des solutions ?

Je pense par ailleurs que Mme Vallaud Belkacem fait encore une confusion : il ne s'agit tant pour le professeur de reproduire la classe sociale dominante (et comment savoir lors de l'examen quel étudiant fait partie de la "haute" et tel autre de la "basse" pour le noter de manière préférentielle ? ) que de faire reproduire aux étudiants son discours magistral stéréotypé. Ainsi, un fils d'ouvrier qui se conformera au millimètre au discours professoral sera infiniment plus apprécié qu'un fils de la haute bourgeoisie qui ose penser par lui-même et qui se permet une certaine forme de critique du discours professoral, ou de distance vis à vis de ce discours, pour arriver à la vérité.

Mme Vallaud Belkacem sous estime l'égotisme professoral, qui ne se soucie pas de l'appartenance de classe. L'étudiant, s'il veut s'en sortir, doit flatter et tirer un trait sur la recherche scientifique de la vérité. Comme disait un titulaire de master de ma connaissance, qui n'est pas issu de la haute bourgeoisie française, mais de l'immigration politique désargentée : "j'ai réussi à la fac car je n'ai rien idéalisé".

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 20/02/2016 à 11:33, laïc a dit :

Avatar par défaut

"Cessons donc d’opposer systématiquement démocratisation et exigence ! Cessons de considérer que la rareté est la condition d’un haut niveau de qualité ! Cessons de chercher, aux problèmes contemporains, des solutions d’un autre temps !"

La démocratisation n'est pas la massification bête et méchante, il faut le redire encore une fois. La démocratisation, c'est aussi la sélection, mais la sélection par la meilleure idée, celle que tout le citoyen peut avoir sans nécessairement passer par l'approbation professorale et universitaire.

L'exigence de la démocratie, c'est aussi de pouvoir donner à chacun sa place réelle dans la société, et non pas une place fantasmée qui ne lui correspondra pas, et de lui donner la possibilité de s'exprimer réellement.

La sélection est inévitable, mais elle ne doit pas être un prétexte à exclusion définitive et sans issue. Le vrai problème qui concerne les masses étudiantes est celui de l'orientation, et toute tentative de penser l'étudiant dans le système en dehors de l'orientation, et de la formation qui en suivra, est vouée à l'échec. A Nanterre université par exemple, il n'y a que deux conseillères d'orientation qui ne travaillent que deux demi journées par semaine. Autrement dit, l'étudiant est voué à la solitude en cas d'échec, il n'y a pas de suivi systématique et responsable des citoyens étudiants, car les étudiants sont aussi des citoyens, et cela n'est pas admissible. Si mme la ministre veut le bien des étudiants, qu'elle systématise les conseillers d'orientation dans les facs, et qu'elle oblige les étudiants à les consulter au moins une fois pendant leur année universaitaire. Le reste n'est que chimère idéologique à l'usage des masses et des idéologues affreux du PS.

Et pour la dénonciation du numerus clausus, fortement anti-démocratique, pourquoi la ministre est-elle silencieuse ? Ses rêves de démocratie trouvent-ils leur limite devant le lobbying des médecins ? Pour être crédible, même si on suit une idéologie quelque peu délirante et utopique, au moins faudrait-il l'appliquer à l'ensemble du système universitaire, et non pas à une petite partie, sinon le citoyen lambda se dira avec raison que l'on cherche à le rouler dans la farine jusqu'au bout.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 20/02/2016 à 11:52, laïc a dit :

Avatar par défaut

" Elle produit bien des effets bénéfiques, à commencer par ce simple constat : les diplômés du supérieur ont cinq fois moins de risques d’être au chômage. Dès lors, comment pourrions-nous souhaiter autre chose pour nos jeunes que d’être diplômé du supérieur ?"

Ils ont cinq fois moins de risques d'être au chômage parce qu'ils ont été sur-sélectionnés avant. Quelle naïveté de penser que ce taux restera identique lorsque tout le monde aura suivi une formation supérieure parce que les étudiants n'auront plus été sélectionnés au préalable...

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Inscription
ou
Connexion