Intervention de Emmanuelle Cosse

Séance en hémicycle du 27 juin 2016 à 16h00
Égalité et citoyenneté — Présentation

Emmanuelle Cosse, ministre du logement et de l’habitat durable :

…c’est-à-dire qu’ils gagnent par exemple moins de 2 200 euros à deux pour un couple sans enfant – 2 900 euros en Île-de-France.

Rappelons aussi que le logement social joue un rôle économique majeur, contracyclique, en période de crise : le secteur du bâtiment est le fer de lance de la reprise. Je tiens ici, devant vous, à insister sur la qualité des bâtis et la performance thermique, qui est 30 % supérieure dans le parc social par rapport à l’ensemble du parc résidentiel. Le logement social n’est pas un logement au rabais mais un logement de qualité et d’innovation.

Rappelons enfin que si, aujourd’hui, le logement social focalise tant l’attention, c’est que pendant trop longtemps on a cru aux bienfaits d’un marché du logement s’équilibrant de lui-même. Nous savons bien ce qu’il en est encore aujourd’hui : comme l’a rappelé en 2013 le rapport de Louis Gallois sur les freins à la compétitivité, la cherté du logement en France et le manque de logement abordable constituent un frein à la mobilité professionnelle, donc à l’emploi.

Les grandes vagues spéculatives ont eu des effets fous sur les marchés locatifs, comme on a pu l’observer pendant les années 2000 dans les grandes métropoles. La production d’un logement abordable, en « social » comme dans le privé, est donc la clé pour sortir de la crise du logement que nous connaissons.

C’est pourquoi, depuis 2012, le Gouvernement a engagé une mobilisation générale en faveur du logement. Récemment encore, il a tenu ses engagements et sécurisé des financements : à côté des aides à l’accession et à l’investissement locatif, il a consolidé les aides à la pierre, à travers une participation affirmée de l’État et des bailleurs sociaux, et mis en place notamment un dispositif de prêts de haut de bilan pour aider les bailleurs sociaux volontaristes.

Nous pouvons nous réjouir d’avoir atteint l’an dernier une production de 120 000 logements sociaux neufs et engagé la programmation de 140 000 logements pour l’année 2016. Au total, regardez les chiffres de la dernière année : ce sont près de 398 000 logements qui auront été autorisés d’avril 2015 à avril 2016.

Mesdames et messieurs les députés, aujourd’hui, nous inscrivons nos pas dans ceux de nos aînés. Ils ont avec courage obligé toute les communes à participer à la solidarité nationale en construisant du logement social partout où il y en a besoin. Je tiens à rendre hommage à Louis Besson et à toutes celles et ceux qui ont oeuvré à ses côtés à la loi Solidarité et renouvellement urbains en 2000. Elle est un pilier de notre droit au logement abordable et un texte fondateur en matière de mixité sociale. Il nous revient désormais de la prolonger, non plus seulement pour construire mais pour habiter partout. Tout est fait pour construire plus de logements : il s’agit maintenant de renforcer les leviers qualitatifs des politiques de l’habitat au bénéfice de celles et ceux qui les occupent.

On peut vivre aujourd’hui en France dans une agglomération urbaine tout en étant coupé du monde. On peut vivre dans des quartiers totalement relégués. Toutes les régions de France connaissent des quartiers enclavés où les habitants se considèrent comme les grands oubliés de la République, où l’on vit comme assigné à résidence… L’apartheid dont parlait le Premier ministre après les attentats de Charlie est une réalité. Il résulte non seulement de logiques urbaines datées, mais également de logiques de ségrégation entretenues parfois délibérément. Certains élus, aiguillonnés par leur population, modèlent leur territoire avec autant de murailles invisibles mais bien étanches en bloquant des programmes de logements sociaux ou encore un projet de transport en commun qui créerait un pont avec un quartier populaire.

J’ai d’ailleurs noté que nombre d’amendements déposés par l’opposition visaient à démanteler la loi SRU ou, encore, à rendre plus difficile la mise en place des aires d’accueil des gens du voyage. Je vous le dis ici et je le dis aux Françaises et aux Français : ce projet de loi vise justement à renforcer les ressorts du vivre ensemble, grâce à des logiques de solidarité qui doivent s’imposer à toutes et tous, car il n’y a pas de ghettos de riches sans ghettos de pauvres.

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