Intervention de Élisabeth Guigou

Séance en hémicycle du 28 juin 2016 à 15h00
Égalité et citoyenneté

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente de la commission des affaires étrangères :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, face au choc du brexit, je veux insister sur deux priorités.

La première est qu’il faut s’adresser au Royaume-Uni avec clarté et fermeté.

Le vote du peuple britannique n’est pas surprenant car le Royaume-Uni n’a jamais partagé la vision européenne des pays fondateurs. Churchill lui-même préconisait la construction d’une Union européenne autour de la France et de l’Allemagne, mais, précisait-il, sans l’Angleterre. Il reste que ce vote est un tremblement de terre dont on n’a pas fini de sentir les répliques.

D’abord, dans ce grand pays, à la si riche histoire, qui a tant apporté à la paix, à la prospérité et aux valeurs de l’Europe, ce vote révèle des fractures profondes, économiques et sociales, mais aussi générationnelles et politiques. C’est triste, mais c’est aussi dangereux car les outrances et la violence de la campagne électorale – j’ai une pensée comme vous tous et toutes pour Jo Cox – peuvent perdurer, voire s’aggraver.

N’oublions pas aussi que l’agitation des marchés financiers peut s’amplifier jusqu’à devenir incontrôlable si l’on ne met pas fin à l’incertitude et à la confusion.

Il faut donc, sans perdre de temps, tirer toutes les conséquences du vote d’un peuple ami, qui a fait un choix que nous respectons mais qui, de son côté, doit respecter notre exigence de clarification. Il serait absurde et désastreux que les dirigeants du Royaume-Uni jouent la montre.

Il est urgent et indispensable qu’un accord sur les modalités de la séparation entre le Royaume-Uni et l’Union soit conclu dans un délai très inférieur à celui de deux ans prévu par l’article 50. Il faudra aussi absolument éviter que cette discussion n’encombre l’agenda politique de l’Union européenne alors qu’elle peut être menée rapidement à bien par une équipe technique puis validée par le Conseil d’ici à quelques mois.

C’est dans une seconde phase, une fois la séparation faite et non pas auparavant ni pendant, que la négociation, plus complexe et plus longue, sur le statut futur des relations entre l’Union et le Royaume-Uni pourra s’engager. Ces deux phases de négociation doivent être bien distinctes.

Seconde priorité, l’Union européenne doit changer, nous l’avons tous dit, car elle aussi est menacée par la multiplicité des crises qu’elle peine à surmonter, et surtout par la crise démocratique, qui favorise l’éloignement de peuples qui ne savent plus pourquoi on fait l’Europe.

Certains veulent faire table rase et élaborer un nouveau traité « fondateur ». Ce type de propositions vient de ceux qui ont toujours combattu les avancées de l’Union européenne.

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