Les amendements de Jean-Jacques Urvoas pour ce dossier

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Hier, monsieur le Premier ministre, la seconde chambre, le Sénat, a étouffé le processus de révision de la Constitution qui devait permettre la ratification de la charte des langues régionales.

Pour beaucoup de ceux qui sont ici, et qui avaient voté en janvier 2014 en faveur de ce processus – je rappelle que nous étions 361 –, cela a été une triste nouvelle. Ce n’est certes pas une surprise, puisque le président du Sénat et celui du groupe Les Républicains avaient clairement annoncé leur intention de s’opposer à ce texte.

Mais pour nombre de nos concitoyens de Bretagne et des Antilles, de Corse et de Polynésie, d’Alsace et de Guyane, du Pays basque et de l’île de la Réunion, ce vote hostile aux langues régionales restera comme une gifle, comme une marque de dédain, comme une forme de mépris.

Chez nos principaux partenaires européens, qui appliquent depuis des années la charte, cette frilosité sénatoriale sera interprétée comme une manifestation d’archaïsme, comme un déni de la diversité culturelle de nos territoires, comme un refus de notre richesse linguistique.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, il existe donc un quarteron de sénateurs qui pensent que les enfants scolarisés dans les ikastola, les comédiens qui jouent en créole, les journalistes qui travaillent à France Bleu Breiz Izel sont les vecteurs de la destruction de l’unité de la République.

Monsieur le Premier ministre, l’histoire retiendra que deux gouvernements, celui de Lionel Jospin et le vôtre, furent les seuls à s’engager pour un progrès durable, parce que constitutionnel, pour les langues régionales.

Et l’histoire retiendra que ce furent Jacques Chirac et un Sénat de droite qui s’y opposèrent avec obstination.

Monsieur le Premier ministre, quel est votre état d’esprit au lendemain de ce vote qui semble éteindre le processus de révision constitutionnelle que vous aviez engagé ?