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René Rouquet
Question N° 90214 au Ministère des affaires sociales


Question soumise le 13 octobre 2015

M. René Rouquet interroge Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur le cancer de la prostate. Avec environ 53 000 nouveaux cas et 9 000 décès par an, le cancer de la prostate est l'affection dont l'incidence est la plus élevée chez l'homme et est le troisième type de cancer le plus mortel en France. Pourtant, la Haute autorité de santé ne préconise pas un dépistage systématique de cette pathologie pour les hommes ayant atteint un certain âge, alors que c'est le cas pour le cancer du sein chez les femmes. De plus, les associations de victimes du cancer de la prostate regrettent l'absence d'informations pertinentes sur cette pathologie et le manque d'orientation vers des dispositifs de dépistage adaptés pour les « patients à risque », et elles dénoncent le recours trop fréquent à la prostatectomie dont l'efficacité est controversée et qui est particulièrement handicapante pour les malades. Il voudrait donc savoir quelles sont les orientations du Gouvernement pour favoriser le traitement efficace de ce cancer beaucoup trop fréquent et pour diminuer le nombre de décès qui y sont liés.

Réponse émise le 12 janvier 2016

Avec près de 53 000 nouveaux cas annuels et près de 9000 décès, le cancer de la prostate est, chez l’homme, le premier cancer en termes d’incidence et le troisième en termes de mortalité. Le dépistage du cancer de la prostate repose sur un test de dosage de l’antigène spécifique de prostate (PSA) associé à un toucher rectal. Il n’a pas été démontré à ce jour que le dépistage du cancer de la prostate soit associé à un bénéfice significatif en termes de réduction de la mortalité globale et qu’un traitement immédiat à un stade précoce améliore le pronostic individuel. Les résultats de deux grandes études internationales apportent des conclusions contradictoires. Elles montrent aussi un niveau important de sur-diagnostic (cancer qui ne se serait jamais révélé du vivant de la personne), de l’ordre de 30 %, ce qui génère des examens complémentaires et traitements inutiles ainsi qu’une diminution de la qualité de vie de la personne liée à l’angoisse due à l’annonce du diagnostic et aux traitements. La mise en place d’un dépistage systématique du cancer de la prostate n’est actuellement pas recommandée par la haute autorité de santé (HAS) et aucun pays n’a instauré un tel programme. En l’état actuel des connaissances, il reste difficile de définir des populations masculines à plus haut risque de développer un cancer de la prostate et à établir des niveaux de risque. Certains facteurs de risque génétiques et environnementaux de survenue de cancer de la prostate sont plus ou moins établis dans la littérature scientifique. Mais il reste à savoir comment ces différents facteurs interagissent, s’ils se cumulent. De plus, les connaissances actuelles ne permettent pas de savoir si les hommes avec des facteurs de risque développent des cancers de forme plus grave ou d’évolution clinique plus rapide. Dans ce contexte d’incertitudes, la HAS insiste sur l’importance de l’information à apporter aux hommes envisageant la réalisation d’un dépistage individuel du cancer de la prostate afin de pouvoir faire leur choix en connaissance de cause. L’institut national du cancer (INCa) va publier un document à l’usage des professionnels de santé en vue de l’information des patients intitulé « synthèse sur les bénéfices et les risques d’un dépistage de cancer de la prostate par dosage du PSA ». Ce document s’inscrit dans la mise en œuvre du Plan cancer 2014-2019 qui stipule de veiller à la pertinence des pratiques en matière de dépistage individuel et d’encadrer et limiter les pratiques dont l’efficacité n’est pas avérée voire délétère. En complément d’un état des connaissances sur les bénéfices et les risques associés à l’ensemble de la démarche, ce document apportera également un éclairage nouveau autour des enjeux éthiques et de responsabilité professionnelle. Par ailleurs, toujours dans le cadre du plan cancer les recherches relatives à ce cancer vont être poursuivies.

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