Intervention de Frédéric Descrozaille

Réunion du mardi 18 juillet 2017 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Descrozaille :

Je vous remercie pour votre exposé et vous félicite pour la qualité époustouflante de votre expression en français. Nous avons peu parlé d'agriculture. Pourtant, dans le monde, ce secteur emploie 42 à 43% des actifs, soit 1,4 milliards de personnes. 500 millions d'entre elles travaillent en agriculture manuelle, sans engrais, sans semence améliorée, sans produit de protection des plantes. On les trouve essentiellement en Afrique et dans la zone sahélienne. Ce sont les agriculteurs les plus pauvres du monde. Globalement, les agriculteurs représentent 80 % des affamés, alors que l'on compte 2 milliards de malnutris et un peu moins d'un milliard de personnes souffrant de sous-alimentation, que l'on trouve aussi principalement dans cette zone. On ne peut donc pas parler de développement économique et espérer stopper les migrations sans développement agricole. Dans cette zone, on produit en moyenne 1 tonne par agriculteur et par an. Ces personnes sont obligées de migrer et de s'entasser dans des camps de réfugiés. Elles sont directement en concurrence avec des bandes armées et avec des cultivateurs qui produisent 2 000 tonnes par an, ce qui correspond à la moyenne mondiale. Aussi, il me semble que votre action au Sahel, qui est essentielle de tous points de vue – humain, éthique, économique, géostratégique – entre directement en contradiction avec les négociations commerciales conduites par l'Union européenne. L'Union est la meilleure élève des négociations internationales commerciales lorsqu'il s'agit de démanteler les protections douanières. Or, cette action frappe de plein fouet les paysanneries les plus pauvres, ce qui affecte grandement les populations du Sahel, dont 60 à 80 % dépendent des revenus de l'agriculture. Comment assurez-vous la cohérence entre votre action et celle de l'Union européenne dans les négociations internationales ? Entretenez-vous des relations étroites avec les commissaires européens sur ce sujet ?

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