Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mercredi 31 octobre 2018 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2019 — Mission médias livre et industries culturelles (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Vous avez bien compris que nous avons un désaccord de fond, car je suis absolument opposée à toute aide à la presse.

Comme je l'ai déjà dit l'année dernière, la mission « Médias, livre et industries culturelles », que nous examinons ce soir, est malheureusement incomplète. En effet, la totalité des aides allouées à la presse n'y figurent toujours pas : nulle part il n'est fait mention des différentes aides indirectes comme le taux de TVA réduit ou l'abattement fiscal sur l'impôt sur le revenu, et j'en passe. Je pense que cela peut intéresser les Français de savoir que les 280 millions d'euros alloués au programme « Presse et médias » masquent en fait une aide réelle bien plus importante de 2,5 milliards d'euros. Cette somme représente un tiers du chiffre d'affaires de la presse, qui s'élève à 7,8 milliards d'euros. Il faut donc regarder les choses en face et comprendre que la presse ne peut être indépendante si elle vit sous perfusion de l'État.

En 2014, Libération, quotidien national le moins vendu, figurait pourtant parmi les grands bénéficiaires des largesses du ministère de la culture, largesses qui, il faut bien le rappeler, proviennent directement de la poche du contribuable. On peine à comprendre ce qui justifie une telle situation, qui semble bien éloignée des voeux pieux du Gouvernement sur le pluralisme et la liberté de la presse, comme en témoigne l'uniformité des avis au sein des grands médias pendant la dernière élection présidentielle.

Bien loin de favoriser le pluralisme, ces aides freinent l'essor de nouveaux médias vraiment indépendants, capables de fournir des informations fiables pour faire face aux fake news de tout genre – je sais que ce combat vous est cher. D'ailleurs, le succès de ces nouveaux médias auprès des lecteurs ne se dément pas, et c'est là le meilleur baromètre pour juger de leur utilité. La suppression pure et simple de l'ensemble des aides constitue une mesure simple et efficace pour assurer la liberté de la presse, car la liberté a un prix et il est temps que les journalistes l'assument et se soumettent à nouveau au verdict des lecteurs.

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