Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mardi 9 avril 2019 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative au grand débat national

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Le Gouvernement, qui ose se gargariser du nombre de participants, a vraisemblablement quelques problèmes de vue, ainsi que, manifestement, quelques difficultés d'audition. En effet, dans toutes les enquêtes d'opinion, 70 % des Français réclament le rétablissement de l'ISF. Ils le chantent dans la rue, dans les manifestations des gilets jaunes. Même dans votre grand débat, quand leur parole n'est pas filtrée, ils le crient. Or, vous prétendez que seuls un peu plus de 10 % des Français expriment cette demande, selon la synthèse passée à la moulinette d'un algorithme adapté à votre vision du monde.

Vous l'avez tristement confirmé hier : il ne s'agissait pas d'un grand débat, mais d'un spectacle de ventriloque. Alors que les Français demandaient plus de justice sociale, vous traduisez « moins d'impôts » ; alors qu'ils demandaient plus de services publics, vous les avez bâillonnés en proclamant qu'il fallait moins de dépenses publiques. Dès le départ, vos questions étaient binaires et bidonnées. Vous n'avez pas fait, hier, la synthèse des aspirations populaires, mais celle du programme d'Emmanuel Macron, ce qui n'a guère de rapport.

Les Français ne demandent pas, comme vous le dites, une tolérance fiscale zéro, ils exigent une tolérance privilèges zéro. Les propos que M. Lecornu a tenus ce matin, sur France Inter, ont illustré la différence entre ces deux notions : à la question concernant l'ISF, il a répondu que le Gouvernement n'allait pas le rétablir car ce serait alourdir l'impôt. Voilà le prétexte tout trouvé pour ne pas non plus toucher au CICE, à la flat tax ni à la plupart des niches fiscales ! Voilà le pot aux roses découvert, voilà à quoi sert votre « moins d'impôt » : à défendre les privilèges.

Pourtant, elles sont là, ces dépenses dans lesquelles nous vous proposons de couper car elles ne servent à rien – ou plutôt ne servent qu'à quelques-uns. L'addition de toutes les recettes perdues pour l'État que je viens d'énumérer se chiffre en dizaines de milliards d'euros, inutilement gaspillés alors que vous proposez de baisser des dépenses publiques utiles à toutes et à tous.

Un dernier mot, monsieur le Premier ministre : gare à ne pas diviser les Français.

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