Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mercredi 8 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Immigration asile et intégration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Il n'en reste pas moins que les migrants continuent à affluer vers notre pays, dans les conditions que nous connaissons : une migration contrainte, au péril de leur vie.

M. Larrivé déclarait tout à l'heure qu'il fallait arrêter de favoriser les flux, mais d'où sort cette histoire ? Les migrants ne viennent pas chez nous pour profiter d'une politique de l'offre avantageuse ! Ils viennent chez nous, au péril de leur vie, parce qu'ils ne peuvent plus vivre chez eux, pour des raisons dont notre pays est en partie responsable – je pense aux guerres et aux accords néolibéraux de libre-échange.

Dès lors, nous devons accueillir les migrants sur notre sol tant que nous n'avons pas réglé les causes. De toute manière, je ne vois pas d'autre solution possible, à moins d'imaginer de les rejeter à la mer ou de dépenser des sommes hallucinantes pour les expulser vers des pays où ils risqueront encore leur vie – au lieu d'utiliser ces mêmes sommes à les intégrer.

Les propositions du Gouvernement ne sont pas à la hauteur. Il n'est pas normal, ainsi, que la région parisienne ne compte qu'un seul centre d'accueil, celui de la Chapelle, qui ne peut pas répondre à l'afflux de migrants et dont le fonctionnement dépend de la bonne volonté et de la qualité des associations, qui gèrent de surcroît un grand nombre de migrants laissés à l'extérieur.

On ne résoudra pas le problème avec des départements qui ne respectent pas le droit, comme les Alpes-Maritimes, et se permettent, contre toute législation internationale, de réexpédier les mineurs directement vers l'Italie, où il n'est pas possible de formuler une seule demande de droit d'asile et où les solutions d'hébergement ne sont pas satisfaisantes.

On ne le réglera pas davantage avec un budget insuffisant. Suite à une annulation en 2017, le budget du programme 303 n'augmente que de 6,2 %, ce qui ne permet pas de faire face à la hausse de 10 % de demandeurs d'asile.

Enfin, on ne le réglera pas en ne créant que quinze postes supplémentaires à l'OFPRA : avec la hausse de 10 % du nombre de demandeurs d'asile, chaque agent aura à traiter, demain, 674 dossiers, contre 400 aujourd'hui.

On voit bien que votre objectif est d'accélérer le traitement des dossiers, comme s'il fallait retenir ce critère de bonne gestion lorsque des gens risquent leur vie !

Votre budget n'est pas à la hauteur des problèmes, pas plus qu'il ne l'est en matière d'intégration et d'accès à la nationalité, enjeux importants pour unir ces gens à la communauté de destins qu'est notre République.

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